once upon a december (valentina)

Novembre 1895 / 0 ans naissance de Valentina près de la frontière finlandaise, au sein d’un cirque moldu itinérant. Elle n’a qu’une mère, pas de père, mais le manque ne se fait pas sentir. Elle a toute une troupe de clowns, jongleurs et acrobates pour lui servir de famille.

1896 –1903 / 1-7 ans l’âge d’or, ils évoluent de ville en ville pour leurs représentations et Valentina fraie au milieu de ce monde coloré et bruyant avec aisance. Elle apprend tranquillement le métier, son cœur balance entre le trapèze, comme sa mère, et la voltige à cheval. Elle est aussi initiée à d’autres tours de main, moins reluisants. Ainsi elle apprend à se faufiler dans les foules pour faire les poches des nantis, et elle s’en sort très bien. Mais un jour qu’elle imite une des filles plus âgées en ondulant des hanches et en soulevant ses jupes devant les garçons hilares, sa mère la tire à l’écart, lui file une torgnole et lui interdit formellement de recommencer. Valentina comprend alors que certaines choses se passent au sein du cirque, des choses bien moins drôles que les petits larcins à la sauvette. Sa mère essaye tant bien que mal de la protéger de ces autres choses, pour faire d’elle une artiste plus respectable. Obéissante, Valentina promet. Elle ne fera pas comme ces autres filles.

Septembre 1904 / 8 ans lors d’un spectacle, une corde se rompt, c’est l’accident. La mère de Valentina fait une chute vertigineuse et son corps se brise sur la piste. Son sang se mêle au sable, et la petite fille aux yeux écarquillés est foudroyée par l’horreur. C’est la fin du rêve, brutalement.

Février 1905 / 9 ans le propriétaire du cirque confie Valentina à une famille dans un village qu’ils traversent. Elle ne rapporte pas assez avec ses petits vols et elle n’est pas encore capable de se produire sur scène, elle est donc un fardeau, il ne peut plus s’occuper d’elle. Au temps pour la grande famille qu’ils formaient. Quant à cette nouvelle famille qui la prend en charge, leurs intentions ne tardent pas à se dévoiler à la petite fille. C’est un tout autre type de travail qu’ils entendent lui imposer. Et comme Valentina a promis à sa mère de ne jamais s’y abaisser – et qu’elle n’en a pas la moindre envie non plus – elle prend la poudre d’escampette. Mieux vaut encore la rue que la prostitution.

1905-1909 / 9-13 ans elle a survécu à la rue et à la brutalité des hommes en devenant un garçon. Les cheveux coupés, les pantalons élimés, il n’en faut pas beaucoup pour faire illusion et personne n’y regarde vraiment de près. Valya qu’ils l’appellent, les autres gamins, et ça lui va très bien. C’était aussi le surnom que sa mère lui donnait, mais ça sonne différemment ainsi. Elle s’est trouvé une petite bande, ils se serrent les coudes.

Fin 1909 / 14 ans Valya est embauchée comme mousse sur un navire de commerce. Le travail est rude mais la perspective de l’aventure la fait rêver. Elle s’évade loin des rues crasseuses où elle a abandonné son enfance, elle se sent plus libre en sentant les embruns sur son visage. Et quand elle monte au mât, elle retrouve un peu des sensations du cirque. Elle est plus à l’aise que jamais quand elle se balance en haut des cordages.

Juin 1911 – décembre 1911 / 15-16 ans la soif d’aventure l’a poussée à se faire embaucher sur un navire d’exploration en arctique, l’Apathe. Elle y rencontre Roman, avec qui elle se lie immédiatement d’amitié. Une amitié qui sera mise à l’épreuve quand le navire sera pris dans les glaces pendant de longs mois. Mais survivre au froid et à la faim est plus facile avec le soutien d’un autre, la chaleur d’un autre, même quand autour d’eux la révolte gronde. Dans une telle proximité, Valya peine à cacher son secret, que Roman finit par percer. Il promet de ne rien dire, et elle apprécie qu’il ne tente rien à son égard. Elle se méfie depuis bien longtemps des hommes et de leur lubricité, mais Roman reste le même, sans équivoque. Ensemble et avec quelques autres marins, ils préviennent le capitaine de la mutinerie qui enfle, sans parvenir à empêcher le massacre qui s’ensuit. Quand un autre navire vient enfin les secourir, Valya est secouée par les scènes de barbarie qui se sont déroulées pendant la mutinerie, et elle met un terme à sa carrière de marin. La puberté n’aidant pas à camoufler ses formes de plus en plus féminines, mieux vaut passer à autre chose de toute façon.

1912 – 1917 / 16-22 ans elle va de ville en ville, survit grâce à des petits emplois et à ses larcins habituels. Avec amertume, elle se rend compte que la vie était plus facile sous les traits d’un garçon, mais elle s’accroche malgré tout. Elle prend du plaisir à voyager et à découvrir de nouveaux lieux, des mœurs différentes. Et puis la révolution frappe et tout devient encore plus compliqué. Elle essaye de se faire discrète au milieu du chaos, la faim et la peur frappent de nouveau. Avec un peu de tristesse, elle voit le monde sorcier s’effondrer en même temps que le régime tsariste. Si même la magie ne peut survivre à cette époque, alors que reste-t-il ?

1918 / 22 ans le régime bolchévique s’installe et les meurtres des sorciers continuent. Valentina s’en sort tant bien que mal, elle tire beaucoup d’énergie dans la correspondance qu’elle tient avec Roman. Malgré l’éloignement et les années qui passent, ils continuent de rester en contact et elle attend ses lettres avec impatience. Le quotidien morose reprend soudain des couleurs quand elle lit ses mots.

1920 / 24 ans d’étranges phénomènes se produisent autour de Valentina et elle commence à prendre peur. Ce n’est pas grand-chose, des objets qui tombent tout seul, l’eau glacée du broc de toilette qui se réchauffe sans aucune aide, le thé qui bout dans un samovar froid … Toute sa vie il y a eu de telles manifestations autour d’elle et elle ne s’en est jamais vraiment inquiétée, mais elle n’a plus son regard d’enfant, elle y voit maintenant quelque chose de grave. Après de longues tergiversations, elle finit par en parler à Roman. C’est risqué d’écrire ce genre de mots sur une lettre, n’importe qui pourrait l’intercepter et comprendre … Mais elle n’a confiance qu’en lui. Et il lui confirme ce qu’elle craignait : elle doit être une sorcière.

1923 / 27 ans elle a rallié Moscou pour retrouver Roman, finalement. Elle est heureuse de le revoir après toutes ces années, et il lui a promis de l’aider à retrouver son père, puisque visiblement c’est de lui que viennent ses pouvoirs magiques. En échange, elle l’aide à se faufiler dans les lieux magiques qui se cachent en ville, et dont elle ignorait jusque là l’existence. Elle découvre tout un monde souterrain dissimulé aux yeux des moldus, elle a l’impression d’être redevenue une petite fille émerveillée. Mais le danger est toujours bien présent – celui d’être découverte comme une fraude par les sorciers lui fait presque autant peur que d’être révélée comme sorcière aux yeux des moldus. Un pied dans chaque monde, elle qui n’a jamais vraiment eu sa place nulle part se sent plus perdue que jamais.