the distance in your eyes (albus)

the distance in your eyes.

--- consider this, consider this the hint of the century, consider this the slip that brought me to my knees, failed, what if all these fantasies come flailing around, now I've said too much. ●●

The truth about Hell, son, is that there is always another one below. La voix du pater cogne dans la caboche, elle se répète, encore et encore, alors que le fils endeuillé se brûle les lippes au bord du cristal, les regrets en travers de la gorge alors qu’il se remémore l’ultime conversation avec son paternel. The cause needs all the help it can get. Des mots teintés de reproches alors que Nikandr Grishakov aspirait encore à convaincre son garçon d’occuper une place proéminente au sein de la défense magique, d’user de ses talents et de son influence pour aider à la reconstruction d’un monde cabalistique en paix plutôt que de tirer profit du carnage. Le faussaire avait ricané à l’idéalisme du vieux tout en lui servant un autre verre. La vérité c’est qu’Artem n’a jamais été de ces hommes à poursuivre des chimères, il laisse l’altruisme et la grandeur à ses frères, à ceux qui sont nés avec cet insatiable espoir que le monde a encore une chance d’être sauvé. Naïfs, tout autant qu’ils sont, qu’il souffle en se pinçant le nez entre le pouce et l’index. Le regard posé sur la rue, il observe les passants qui courent et se précipitent, figures presque informes sous la pluie battante, ombres plus qu'humains, tâches grisâtres sous la fureur céleste, il descend ce qu’il reste de moskovskaya, lavant dans le feu qui lui roule sur la langue les derniers éclats du souvenir.

Dans l’antre derrière lui, la lumière peine à rivaliser avec le crépuscule, les murs constellés d'œuvres d’art et de babioles donnent aux lieux des airs d’une autre époque, chroniques pétrifiées que le temps semble avoir laissées derrière lui. La pièce est ornée de mémoires, de promesses, ça et là traînent broquilles et trésors dans un capharnaüm étourdissant. Désordre qui importe peu au propriétaire, il connaît chaque recoin, chaque détail de chaque objet et où les trouver, par la force de l'habitude ou, à l’abri des regards, d’un simple geste de sa baguette dissimulée en pince à cravate. Dans un angle trône un miroir aux moulures dorées survivant d’avant la révolution, il y croise ses propres prunelles avant de se détourner au son du carillon.

- You’re late. Lance-t-il avec une touche de raillerie, l’attachement marqué dans le fond de la voix pour Albus, qui vient de franchir le pas de la porte. Dans la lumière chancelante de la fin du jour, le sang commun des deux hommes se décline dans l’étrange similitude de leurs traits, aux antipodes et pourtant si proches, comme si la relation quasi-fraternelle des cousins s’était lentement, au cours des décennies, imprégnée jusque sur le cuir. Il retourne la pancarte et verrouille l’entrée de la boutique, indiquant le miroir qui mène à l’appartement d’un bref signe de la tête, l’invitant à le devancer alors qu’il s’assure qu’aucun oeil curieux ne s’aventure auprès des vitrines.

@albus dumbledore

Nuit sans étoile à Moscou. La carcasse de Dumbledore apparaît dans la boutique. Il n’ignore pas la remontrance et, miroir traversé, il agrippe sans attendre une chaise, dont le pied grince au sol. Grishakov ferme la boutique et son cousin prend place avec une nonchalance propre à la connivence qu’on leur connaît. Balayant la converse précédente, il ouvre un sujet épineux de sa verve angliche: “Gellert is in Russia. I just saw him, Art.” L’affirmative sonne presque comme une question. Il peine lui-même à le croire, a l’intime sensation d’avoir vu un fantôme. Artem le savait-il seulement ? L’a-t-il vu ? Pourquoi ne lui a-t-il rien dit ? Il marque une pause et se caresse nerveusement la barbe, de plus en plus longue. “Did you know?” Le phrasé est direct, sonne presque comme une accusation. Des années de recherches infructueuses pour finalement le trouver au coeur de la Russie magique. Un fait qui ne manque pas de le déstabiliser. Si Artem le savait, pourquoi l’a-t-il caché ? “Did you know, cousin?” Répète-t-il des éclairs dans le regard. Il connaît l’implication politique des Grishakov, elle est cruciale à la nation en ce moment même. Tout espion diplomatique qu’il est, il sait aussi que le Consortium dont Grindelwald fait partie n’est guère étranger à la Défense.

Le temps s’étiole et ils se retrouvent pour entamer, ensemble, un enseignement auquel Albus ne s’attendait pas. D’aussi loin que le brun se souvienne, l’autre a pris la place de mentor pour lui, à l’instar du frère aîné qu’il n’a jamais eu. Il perçoit cette demande comme une occasion de lui rendre la pareille, lui qui lui a tout appris. Qui a su l’élever au-dessus de son mal être lorsque son monde s’est effondré. “Are you sure about this?” demande-t-il un calme olympien dans la voix. La question est routinière mais pas innocente. Rien ne l’honore plus que de partager son savoir avec celui dont le portrait semble si similaire. Il sait aussi combien l’apprentissage de l’occlumancie peut être douloureux, pour l’avoir lui-même subit et fait vivre à d’autres avant lui. Le legilimens pousse un soupir. Compagnons d’infortune, ils n’ont, il le pense, aucun secret l’un pour l’autre. Force est pourtant d’admettre que ce n’est pas toujours le cas. La vérité est que du haut de ses quarante-deux ans, il ignore ce qu’il trouvera sous le scalpe de l’inventeur. Des découvertes de maginologie fascinantes, l’espère-t-il en silence. S’il souhaite partager quelque chose avant qu’ils commencent, now is the time.

the distance in your eyes.

--- consider this, consider this the hint of the century, consider this the slip that brought me to my knees, failed, what if all these fantasies come flailing around, now I've said too much. ●●

Il a quelque chose qui le gêne dans la démarche de son cousin, un détachement qui le surprend mais il ne laisse rien paraître alors qu’il le suit à travers le miroir. L’interrogation est abrupte, inattendue, et Artem s’enferme aussitôt dans le mutisme, le temps de considérer le choix qui se déploie à l’arrière de son crâne, do you want to lie to him or not ? Les deux hommes se dardent du regard, la confrontation est silencieuse, sourde, elle ne dure qu’un instant et pourtant elle détonne autant que la tempête au dehors, les orbes furieuses, reflet du sang de cet ancêtre commun qui boue sous leur épiderme, le maître des lieux n’aime guère qu’on le défie sous son propre toit, famille ou pas. Ni l’un ni l’autre n’essaie de se défiler et c’est en le regardant jusque dans l’fond de ses opalines qu’Artem répond simplement, - I heard a rumor. L’accent slave roule sur la langue acérée, son ton suggère un haussement d’épaules qu’il s'efforce de réfréner, il souligne le désintérêt de l’héritier Grishakov à l’égard de l’ancien amant de celui qu’il considère comme un frère et son désir ne pas prolonger cette conversation. Il n’a jamais apprécié ni approuvé le mage hongrois, l’intuition alertant chacun de ses sens, depuis leur première rencontre. He is not a good man, pense-t-il, but then neither are you, renchérit une petite voix dans un coin de sa caboche qu’il chasse d’un soupir. Ce n’est certainement pas le genre de relations qu’il souhaite pour Albus, il perçoit les nuisances d’une telle union comme les poisons suintant d’une plaie.

La chaise grince alors qu’il la traîne sur le parquet, il reste un instant sans bouger, le temps de prendre une longue inspiration, considérant la question d’Albus. Il acquiesce, s’assoie en face de lui et plonge son regard dans le sien. L’exploration des pensées de l’autre est un jeu dangereux, un apprentissage risqué qu’il est pourtant déterminé à compléter, et personne n’est meilleur à percer l’encéphale d’autrui que l’anglais. Il est confiant, Artem, sans doute un peu trop, qu’il parviendra à séparer intrusions et illusions, que ses secrets sont bien enfermés dans les recoins de son esprit, ceux qu’il garde pour les autres et les siens, surtout, ceux qui basculeraient les règles de leur univers. Il ne réalise pas encore l’énergie requise pour un tel exercice, ou que certaines subtilités lui échappent encore, que la lame coupe à double sens et qu’en s’infiltrant dans la caboche de son vis-à-vis il ouvre une voie, une chance pour l’autre de se faufiler là où même lui, parfois, préfère ne pas s’aventurer. - I never had to break into someone’s head to make them feel what I wanted to, Ricane-t-il sombrement, tell me, cousin, how does one not take advantage of it ? L’opportuniste est sincère, curieux aussi, et, conscient des talents du plus jeune, il se réjouit intérieurement qu’Albus ait du sang Grishakov

@albus dumbledore

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Leurs dynasties sont liées par les gênes. De la désolation et de la douleur, ils ont triomphé ensemble, ou peut-être simplement survécu, le lion n’en est pas tout à fait certain. La disparition des piliers anglais n’était peut-être qu’une étape préparatoire à ce qui attendait leurs semblables russes. Un océan de deuil et d’amertume, écumé vivacement par les armes mortifères des sans magie. L’explorateur a souffert plus que de raison, impliquant naturellement la présence de son cousin à ses côtés. Ils se disent tout, ou du moins, c’est ce que pensait Dumbledore jusqu’à ce jour. Le saphir toise le sorcier un moment, les pensées menant à une conclusion affligeante : Le premier garde des secrets de son cadet. Plus d’une décennie écoulée à la recherche de Grindelwald et il se trouvait sous son nez tout ce temps, sa présence dissimulée par sa propre famille. Une audace qui le plonge dans le mutisme durant plusieurs minutes avant qu’il ne lui réponde : "A rumour?" répète-t-il en prenant calmement place près de lui, la douceur du geste tranchant avec son ton inquisiteur. La modulation de sa voix traduit une incertitude feinte et, soupirant, il rapproche son visage du sien, murmurant, sincère, dans leur face à face : “Artem, you cannot keep us from pain by hiding things from us. From me.” Les palabres s’accompagnent d’un hochement de tête, signe de sa protestation silencieuse. Il le connaît, songe-t-il. Tout comme lui, le maginologue baigne dans l’hédonisme mais contrairement à lui, il ne peut s'empêcher de chaperonner les siens, plus encore qu’Albus ne l’a jamais fait avec sa fratrie. Rien ne pourra ramener Sveta, Ilia, Percival, Kendra, ni même Ariana. Quant à Gellert, il y a longtemps qu’il erre à sa recherche, en peine en attendant l’explication et les surtout excuses nécessaires au geste impardonnable qui a détruit sa lignée et son union.

Assis face à l’homme à qui il doit sa santé mentale, il s’apprête à lui rendre la pareille à son tour. La légilimancie est l’art que Grishakov souhaite apprendre, une décision louable à son âge, l’initiation à cette dernière exigeant constance et dévouement. S’il s’agit également pour eux de passer plus de temps ensemble et de s’explorer mutuellement, le britannique est particulièrement féru des exercices de l’esprit. Il a fait ses armes auprès de Flamel en personne et est, ce jour, considéré comme un des experts du pays. S’abandonner à la pratique sous le scalp d’un individu vieux de près de six siècles durant plus de vingt ans donne naissance à des capacités exceptionnelles et décuplées. Un talent qu’il souhaite dès lors transmettre à Artem, dont les interrogations fusent sans surprise. Un rictus amusé s’esquisse sur la trogne d’Albus. “Is that the reason you’d like to learn legilimancy, cousin?” répond-t-il sereinement, extirpant sa baguette ébène de sa veste. “Being an occlumens yourself, you must know gaining that skill will come at a later time. The mind is an untidy maze, someone else’s memories can quickly turn into a trap.” Il caresse lentement sa barbe, pensif, avant de poursuivre : “Once you understand how to browse people’s heads, you will indeed want to see it all.” Il penche la tête et la commissure de ses lippes s’étire davantage: “Through experience, you will realise we all deserve a little privacy. Plus the Ministry would send me to Azkaban if I were to encourage you to undertake any of what we are about to practice without consent from your peers.” Plaisante-t-il en lui adressant un énième sourire, de ceux, solaires et calculés, qui vous mettent en confiance avant un grand saut. “I’ll teach you how to be discreet, shall we start?” Lui promet-il dans la connivence. A ces mots, il agite savamment le bois et l’invite à observer son doigté. “I will show you the spell first - Legilimens!” Sur ce, il pénètre son crâne.

@Artem Grishakov