(syuzanna) dancing on our own

dancing on our own

--- Somebody said you got a new friend Does he love you better than I can? And there's a big black sky over my town I know where you're at, I bet he's around ●● ethereal (icons)

Assis au comptoir d’un fumoir moscovite, deux silhouettes dénotent. Au milieu d’un essaim d'opulence, les verres s’entrechoquent et on échange sur des sujets mondains. Rappelant le faste d’antan, les êtres magiques se sont parés de leurs plus beaux atours. Un concept typiquement russe, partagé plus modestement par les anglais. Le cœur récemment brisé, Albus s’est finalement pris au jeu, traîné par sa cousine. Il porte une tenue extravagante, dont une cape émeraude et bordée d’or, offerte par Nicolas pour son quarantième anniversaire. “You are such a snob, cousin.” plaisante Dumbledore, moqueur. Il approche le verre de vodka fraîchement servi de la sorcière. “Though truly, you have outdone yourself. This place screams intellectual man hunting.” Ricane-t-il en saisissant un verre à son tour et le levant pour porter un toast.

“Za Lyubov*, dear.” Triquant une énième fois, il ignore combien de verres ils ont bu ce soir. Les langues se délient cependant et il s’avère particulièrement bavard. Prenant une gorgée de vin, il prend une profonde inspiration avant de percer enfin l’abcès et vider son sac : “In short, he said politics wasn't his thing and broke us up on the spot. Can you believe it? I mean, I hate the Ministry myself. This entire thing about building a Duma is just getting ridiculous, innit?” Il secoue la tête, enlisé dans le mensonge qu’il se fait à lui-même depuis qu’il a quitté l’Écosse. Il refuse d’avouer aimer quelconque pouvoir, l’ambition l’ayant conduit à sa perte par le passé. Reprenant son récit, il poursuit, éludant continuellement le prénom de Vasili : “The man really knew his way around me, Syu. Almost as skillfully as...” Le regard attristé s’assombrit davantage en songeant à Grindelwald. Mélancolie dissimulée par un sourire narquois, l’index tourne autour du verre et il marque une pause un instant.

Se redressant, il glisse un bras fraternel par-dessus l’épaule de la jeune femme. “Enough about me. Let us find you a match.” Il pose son front contre le sien, comme pour s’appuyer sur elle alors que le corps vacille. “How is the crowd looking after ten years?” Il l’a soutenue comme le reste de leur famille, mais même entourée, le veuvage est une expérience abominable. Tachant d’alléger l'atmosphère, il lui murmure à l’oreille : “What kind of warlock are you after, Syuzanna?” Les lèvres s'étirent naturellement et il retrouve sa malice usuelle. Il ne se souvient pas avoir savouré de moment qui n'appartienne qu’à eux depuis l’adolescence. La pogne s’égare dans sa chevelure noir de jais, jouant avec ses boucles alors que l'oeil contemple la mêlée face à eux.

*Za Lyubov signifie À tes amours en russe.

@syuzanna grishakova

dancing on our own

--- Somebody said you got a new friend Does he love you better than I can? And there's a big black sky over my town I know where you're at, I bet he's around ●●

La chaleur de l’alcool mêlé à la foule qui se masse à l’intérieur du fumoir moscovite lui fait tourner la tête. Elle a le rouge qui lui monte aux joues Syuzanna et le sourire facile. Elle s’oublie auprès de son cher cousin. Albus qui a toujours eu le don pour la transporter. Malgré les différences et les changements. Le sang plus épais que tout le reste. Lien tenace que rien ne saura briser. Son rire cristallin résonne à nouveau tandis qu’elle s’empare gracieusement du verre tendu. “What can I say ?” Elle a toujours eu ce côté élitiste Syuzanna. Héritage d’une éducation parfois étouffante. Seule fille d’une mère qui lui a tout donné. Elle jette un œil sur la salle où chacun en va de ses conversations, laisse ses problèmes loin de la piste de danse. Ce soir n’appartient qu’à eux. Elle lève son verre en souriant avec tendresse à Albus. “Za Lyubov, cousin.” Et à nouveau l’alcool vient lui brûler avec délice la gorge.

Les sens s’endorment et Syuzanna fait à nouveau signe au barman, lui demandant discrètement de leur apporter son meilleur medovukha*. Et déjà Albus enchaîne, les mots glissant sans philtre aucun vers les oreilles de sa cousine. “He sure doesn’t sound like a gentleman. Breaking things up with you over politics ? Sounds dumb to me.” Albus avait toujours rimé avec passions. A ses yeux, son cousin britannique incarnait avec brio la passion du débat. Elle l’avait toujours trouvé intéressant et aimait par-dessus tout débattre avec lui de magie. Qu’on puisse le quitter pour des divergences politiques la dépassait. Et pourtant, elle était bien placée pour comprendre... “Ridiculous, dangerous... I don’t like it Albus.” Cette Douma ne présageait rien de bon pour la défense du monde magique. Et ils auraient pu en débattre des heures si l’alcool ne brouillait pas déjà leurs pensées. Son verre de medovukha servi, Syuzanna le sirotait déjà distraitement quand les propos de son cousin divergèrent. Son mouvement resta en suspens quelques secondes, suivant du regard Albus. Le sourire narquois qui tente de dissimuler une profonde tristesse. Ce même sourire qu’elle avait dû tant de fois arborer aussi. Le nom reste en suspens entre eux, refusant de franchir leurs lèvres. La blessure encore fraîche.

Ce soir, ils ont tous les deux besoins d’oublier. Et c'est pour ça qu’elle a mis en avant sa silhouette avec une robe à la mode russe couleur bordeaux profond, le tout bordé d’élégantes arabesques en argent. L’opulence est de rigueur et Syuzanna ne se souvient plus de la dernière fois où elle a osé être elle-même. Le front d’Albus vient se reposer contre le sien et elle s’oublie quelques instants, osant fermer les yeux, savourant le moment sans qu’aucune pensées noires ne viennent l’envahir. Elle est reconnaissante à son cousin d’avoir accepté de l’accompagner ce soir. Ce moment, s'ils parviennent à s’en souvenir, leur appartiendra à tout jamais. Elle a l’impression de retrouver sa jeunesse, d’être auprès des Dumbledore, dans cette Angleterre pittoresque qu’elle affectionne. “For me ?” qu’elle éclate de rire, ses yeux rencontrant le regard bleu océan d’Albus. Elle y voit de la malice et elle ne peut que sourire à son tour, sincère. Comme si ce monde ne les avait jamais endommagés. “Honestly, I’m not even sure I know what I want.” Syuzanna comme maudite. Elle ne s’est jamais vraiment sentie désirée. Pas depuis longtemps. Les hommes de sa vie tous cantonnés à des rôles de frères ou d’amis. Chacun lui préférant d’autres femmes. Ou parfois d’autres hommes. Elle s’est résolue Syuzanna, heureuse pendant un temps. L’amour va et vient. Mais jamais pour elle. “I guess I’m just looking for someone to see me.” Gamine de l’ombre, Syuzanna qui ne réussit pas à se détacher du nom qui lui a été donné à la naissance. Grishakova qu’on murmure. “You know, actually see me.” Elle se laisse emporter par cette mélancolie soudaine, le regard un peu perdu. Elle se réveille au contact des doigts d’Albus dans ses cheveux et Syuzanna sourit faiblement. Le rouge lui monte aux joues et elle s’empresse d’avaler une longue gorgée d’hydromel. “I’m pretty sure we’ll both end up with a nice fellow for the night.” C’est tout ce qu’ils peuvent espérer.


*medhovukha : boisson similaire à l'hydromel.

@albus dumbledore