Once upon a red october (GRISHA)

15 octobre 1917

Les rues de Petrograd sont devenues terriblement calmes. Darya ne les a jamais connues si silencieuses. Plus de vingt ans qu’elle les parcourt, et Darya ne les reconnaît plus. Les somptueuses façades attirent désormais ses regards inquiets. Les nobles colonnes baroques la menacent de toute leur hauteur. Un sentiment de danger imminent a remplacé le faste et la grandiose de la capitale russe.

Les paroles de Pyotr n’ont pas quitté ses pensées une seule seconde. Sa prophétie l’a scindée en deux comme une guillotine. Darya ne parvient pas y croire. La fin de la société sorcière ? De la main des moldus ? Ceux avec qui ils ont vécu depuis des siècles. Ceux qu’elle a soignés, sauvés ? Impossible.

Et pourtant. Pourtant Darya ne mettrait jamais en cause ni la parole, ni le don de son neveu. Elle place en le troisième œil une foi quasi-religieuse. Alors elle a enjoint sa famille a quitter la ville. A prendre quelques jours au bord du Lac Baïkal, profiter des superbes couleurs de l’automne y préparer la Samhain. Elle les rejoindrait d’ici peu. Mais avant, elle devait aller voir ses patients, les plus graves, ceux qui ne pouvaient pas se permettre de voyager par transplanage ou poudre de cheminette. Les Lazarov font partie de ceux-là. Darya a réussi à leur trouver une manière de sortir de Petrograd. Une ancienne connaissance qui lui est redevable s’est engagé à les sortir de la ville en calèche, à la manière moldue. Il en est encore temps. Darya tente de s’en persuader.

La calèche s’arrête devant le manoir des Kozlov et Darya en saute sans attendre. Une drôle d’odeur flotte dans l’air. Elle ne reconnaît pas encore le parfum de la sauge, ne sait pas que les minutes leurs sont déjà comptées, que leurs pouvoirs sont déjà hors de leur portée.

-Je reviens au plus vite. Garantit-elle à Ilya avant de courir à toute jambe vers l’entrée du manoir.

Les domestiques la reconnaissent. Ce n’est pas la première fois qu’elle vient traiter Polina Lazarova. Mais cette fois, au lieu des courtoisies habituelle, elle leur sert l’injonction de s’enfuir, de quitter la ville, au plus vite.Elle se rue dans les couloirs bien connus, jusqu’aux chambre des Lazarov.