me and the devil (grisha)

me and the devil.

--- You may bury my body Down by the highway side. Baby, I don't care where you bury my body when I'm dead and gone. you may bury my body, Down by the highway side So my old evil spirit Can get a Greyhound bus and ride. ●● ethereal (icons)

tw : mention de noyade

Renáta n’est sûre de rien, et ça la terrifie. En silence, elle découvre que l’incertitude est un fiel dont elle perçoit l’acidité autant dans la bouche, que dans l’estomac. Un faible grognement s’échappe de ses lippes entrouvertes, avant qu’elle ne les referme, ravalant ce qui commence à lézarder l’intérieur de sa gorge endolorie. Elle serre le grimoire contre sa poitrine, bras croisés sur la couverture poussiéreuse, plantée devant la baignoire remplie d’eau glacée, qu’elle a pris soin d’arranger selon les explications glanées dans le livre. Pour autant, l’entreprise lui semble risquée, et surtout : dangereuse. Les dents enfoncées dans sa lèvre inférieure, un milliard de scénarios se déroule sous ses yeux. Tous lui paraissent funestes, tous seraient susceptibles de la paralyser d’angoisse, frappée par un déroulement qu’elle n’aurait pas pu voir venir ; si Rennie est prévoyante, force est cependant de constater que sa bravoure est amoindrie lorsqu’il est question d’une mort imminente. Elle n’aspire pas à être responsable de la mort d’un homme, d’un ami, sous prétexte de vouloir lui porter main forte. Fébrile, Renáta porte sa main tremblante à sa bouche, massant son menton, l’œil rivé sur l’eau tranquille.

Enfin, ses muscles (qu’elle pensait ankylosés) se remettent en branle, lorsqu’elle entend quelques coups distincts être portés à la porte d’entrée. A l’instar de l’une de ces marionnettes en bois qu’elle adorait lorsqu’elle était enfant ; comme si elle n’était pas fait de chair, de sang et d’os ; comme si elle n’avait pas de volonté propre ; Rennie tourne les talons, sort de la salle d’eau, longe le mur du couloir et déplie enfin ses bras afin de se saisir de la poignée de porte.

(Si tu lui ouvres, tu vas le tuer. Et qui va t’aider, Rennie ? Gellert ? Il t’regarde même pas, il t’aidera pas, il t’laissera dans ta merde. Tu mérites pas d’être aidée.) La jeune femme crispe ses doigts autour de la poignée, le cœur affolé, les battements du myocarde se calant contre sa jugulaire, remontant jusqu’à ses tympans en une cacophonie assourdissante. (Tu lui ouvres, il crève.) Rennie ferme les yeux. Sous ses paupières closes, les théories se superposent, se chevauchent, se délient. Elle rouvre les yeux, se redresse, tourne la poignée.
Et si je ne fais rien, il disparaitra.

« Grisha, you’re right on time, le salue-t-elle, en contemplant la silhouette de son supérieur hiérarchique. Elle bat des cils, recroise les bras contre son livre, avant de lui tourner le dos, s’enfonçant de nouveau dans son appartement, close the door behind you please, and follow me. »

Rennie s’immobilise dans l’encadrement de la porte de la salle de bain, se sentant rougir à l’idée de montrer une pièce aussi intime à un homme (qu’elle connait finalement très peu de surcroît). Elle tente de se ressaisir et s’avance d’un pas dans la pièce. Renáta relâche enfin son étreinte, et pose le livre sur une petite commode en bois. Elle esquisse l’ombre d’un sourire, et désigne la baignoire d’un bref mouvement de menton, en remontant les manches de sa blouse, découvrant ses bras jusqu’à ses coudes. « Is it a risk you are willing to take?, demande-t-elle. I’m scared to- you know, oh, please, I don’t want to say this out loud. » Rennie secoue la tête et fait glisser la bague – l’alliance de son père – de son majeur, avant de la poser sur la commode. « If anything happens to you, souffle-t-elle, I’ll never be able to forgive myself. » Peut-être est-ce cela alors, qui se cale dans le creux de son ventre, au sein duquel les douleurs lancinantes se multiplient. Cette vision, ponctuelle, qui lui cisaille les rétines – le corps immobile de Grisha, dans l’eau froide, le regard éteint et rivé vers le plafond. L’horreur qu’elle ressentirait en essayant de le sortir de là ; elle devra s’y reprendre à plusieurs fois, vu sa carrure. La peau froide de l’homme qui glisserait sous ses doigts. Le cœur muet. Rennie déglutit. « Is it really worth it? , croasse-t-elle. »

@grisha lazarov

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Levant les yeux sur le monde, le poitrail s’agite. Il n’a pas dormi cette nuit et toutes celles d’avant, l’esprit embrumé par la perspective d’un avenir animal. Humanité arrachée à lui par le désir perfide d’un être qu’il ne rencontrera jamais. La malédiction l’enchaine tel Atlas au globe. Condamnation domestique qu’il porte depuis la naissance. Les âges se multiplient et, avec, les métamorphoses, rendant son quotidien de plus en plus délicat. La moindre émotion forte le pousse à perdre le contrôle et devenir cette bête qu’il redoute tant, à mille lieux de l’être fait de chair et de sang dont il est désormais incapable de maintenir la forme plus d’une journée. Il ne commente pas mais il le sait : Son temps est compté. Sa seule présence au sanatorium en tant que praticien relève encore du miracle. Les patients sont pris en charge pour des courtes périodes, Grisha préférant allouer le plus clair de son temps à des confections de potions qui peuvent être interrompues par des transformations impromptues. Lazarov prend une profonde inspiration, expirant la douleur et la crainte qu’il enferme en lui depuis trop longtemps. Il n’a pas envie de partir, pas plus qu’il ne sait tout à fait ce qu’il ferait une fois le processus achevé. Continuer à suivre Indrina ? Protéger le reste du monde magique ? Sa plus grande peur restant d’être oublié, considéré comme une simple bête par autrui. Saura-t-on seulement qu’il a été, lui aussi, un homme doté de rêves et de sentiments ? Aspirations scientifiques et politiques qu’il touche du doigt alors que sonne son heure. Vêtu il se dirige jusqu’à la rue Kamergerski où Renàta l’a convié. Une invitation inespérée qu’il a accepté avec humilité. Peut-être miss Grindelwald fera-t-elle la différence, elle qui est devenue pour lui plus encore qu’une soeur dans la nuit noire. Il faut du courage s’avouer maledictus, mais il en faut d’autant plus pour s’attacher à l’un d’eux comme elle le fait, la perspective lupine de son futur n’étant guère prometteuse.

Il se déplace sur le parvis, le plancher grinçant sous son poids. La gorge se noue et se bloque mais le poing cogne bravement contre la porte de bois. Le regard mordoré aux aguets s’éclaire alors qu’elle apparaît dans l’entrée, son minois poupin traduisant toute la tension du moment. Il la trouve belle, Renàta, mais il ne s’est pas traîné jusqu’ici pour l’admirer. Il remarque le bouquin qu’elle tient tout contre son coeur et se sent intrigué. Éclaircissant sa voix avec difficulté, l’accent russe fend enfin le silence entre eux, s’exprimant en anglais, la langue qu’ils utilisent tous les deux pour communiquer : « Hello, Rennie. » Du haut de son mètre quatre-vingt-dix il la suit, s’aventurant dans la salle-de-bain. Elle s’exprime en marmonnant et il l’observe d’abord dans un mot, les orbes déviant nerveusement jusqu’à la baignoire. « What are the risks? » l’interroge-t-il en jetant une œillade à la glace non loin d’eux. « You said this would slow the process. Will it? » Il voit la peur dans ses yeux et se retourne, posant les paumes sur sa blouse et dardant ses ambres dans les siennes. « Talk me through it, please. We both know it is too late already. »

@Renáta Grindelwald

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La gorge serrée, il lui semble que son cheminement jusqu’à la salle d’eau dure une éternité. Comme l’une de ces scènes bibliques moldues, qui l’ont d’ailleurs toujours terrifiée, où une pauvre âme ploie sous le poids d’une croix contre laquelle elle finira par être hissée. It was my idea. Et le palpitant dégueule, se révolte, tandis que Rennie passe sa paume contre ses côtes malmenées, essayant d’apaiser la tempête qui gronde. Elle déglutit, embarrassée de dévoiler son intimité à un homme qui, elle le craint, a autant de chances de survivre que d’y rester. Encore, la vision abominable de son corps irrémédiablement immobile, glacé, s’incruste dans ses yeux, brûle ses rétines et ébranle ses convictions. Sous ses doigts, le corps fantomatique de Grisha roule sous ses phalanges tendues. Elle se redresse, et l’observe un moment, avant d’affaisser son regard vert sur la baignoire ; tranquille, pour le moment.

« What are the risks?, lui demande-t-il, – Death, lui répond-elle simplement, prenant grand soin d’éviter son regard, préférant contempler la surface lisse de l’eau, I’ve never done anything like this before. » Sa révélation est un soupir enroué, quand ses yeux rencontrent ceux de Grisha – et qu’il lui vient l’envie déstabilisante de pleurer. Elle ramène ses cheveux en un chignon désordonné, répondant à la demande de son comparse d’une voix frémissante d’une terreur grossissante : « The water is frozen, to slow your heart down. Then, I’ll have to push your, your head underwater. It’s supposed to cleanse you of your curse, to purify your body, Rennie tend la main, s’empare du grimoire et l’ouvre. L’index suivant les lignes, elle énonce les ingrédients qu’elle a parsemés dans le bain infernal : dragon blood, betony, boomslang skin and a bunch of other things. I’ve found everything, but the fairy wing. I’ve replaced it with a handful of fireflies. » Elle relève les yeux vers Grisha, referme le livre en un claquement sonore et le repose sur la commode. Ses explications paraissent douloureusement incertaines – mais l’espoir commence à se loger dans le creux de son ventre. Elle a suffisamment lu, suffisamment étudié le sujet, pour se permettre d’espérer. Tiraillée entre deux états d’esprit, paradoxale même lorsqu’elle mène Grisha aux portes de la salvation (qu’elle soit mortelle, ou non).
Allant à l’encontre de sa réserve, Rennie pose sa main dans le dos de Grisha, étreint ses omoplates en un geste affectueux, bien que maladroit. Sous sa paume, elle sent ses muscles éreintés, et peut imaginer sans s’y efforcer la crispation de ses nerfs. Elle retire sa main, et joint ses doigts devant elle, forçant un sourire rassurant à la lisière de ses lèvres. « When you’re ready, we can start. »

@grisha lazarov

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Les babines rehaussées d’un rictus traduisent tout le cynisme de Grigori près de la guérisseuse. Elle énumère les innombrables efforts effectués pour le rite et il ne peut s’empêcher de lever le menton en approbation, dissimulant la peur derrière sa reconnaissance envers celle qu’il considère comme plus encore qu’une amie. Il s’agit d’une sœur. Renáta l’a accompagné lors de sa première métamorphose au sanatorium, comprenant sans nul besoin de parole la détresse qui l’accable. C’est elle qui s’est proposée d’opérer l’incantation, cherchant à lui venir en aide comme peu l’ont fait auparavant. Lazarov n’a pas pour habitude d’autant de bonté et l’attention va droit à son cœur lupin. “I appreciate this, Rennie.” souffle-t-il du bout des lèvres, remarquant la lucarne de la sorcière qui part à la dérive. L’expectative les tient tous deux en haleine et ils partagent les mêmes craintes, ceci dit à ce stade de la malédiction, il n’est véritablement plus qu’à moitié homme, incapable de garder forme humaine plus de quelques heures. “Hey, Grindelwald. Look at me.” Soutenant son regard, il pose ses deux mains sur ses épaules avant de s’adresser à elle à nouveau: “Even if the spell doesn’t work, I’m glad someone like you would have been brave enough to try.” Il hoche la tête. “Let’s break the hell out of that curse.”

Elle pointe le bain glacé qui l’attend et plonge dans la lecture de son grimoire. Un ingrédient manque à l’appel et l'œil mordoré dérive vers elle. “Fireflies.” répète-t-il en se détachant d’elle. “They are not quite related, right?” Il scrute sa réaction un instant avant de ressentir son rythme cardiaque accélérer. Etrangement il songe à Indrina et à sa réaction si elle venait à apprendre sa mort. La pensée semble plus déchirante encore que la perspective d’une métamorphose finale. Avant qu’il ne se déshabille près de Renáta, il ajoute nerveusement : “If anything happens, please take care of Indrina for me. Will you?” Il tâte les poches de ses pantalons et en sort deux roubles. “I guess this is my current fortune for her, too.” Plaisantant, il se retourne et se dévêtit près d’elle. Sentant son regard sur lui, il murmure : “Have you ever...” Secouant le visage, il finit par déposer ses habits au pied de la baignoire. Il sent sa paume contre ses omoplates et pose ses phalanges sur son bras avant de chevaucher le rebord de porcelaine. Il plonge d’abord un orteil, la musculature frémissant au contact de l’eau gelée, puis le bassin. Les yeux écarquillés, son souffle se fait sonore et saccadé. La moue pincée d'appréhension, il finit enfin par pénétrer les eaux pleinement, attendant qu’elle poursuive impatiemment.

La mort, ou peut-être la renaissance, l'attend.

We got this.

@Renáta Grindelwald