Minuit, l'heure du crime. [Anton Kerzhakov]

Un énième soupir fut poussé, bref comme tous ceux l'ayant précédé, sous le couvert de l'obscurité régnant dans l'allée Kamergerski. Loin d'arranger les humeurs de Madame Vacaresco, l'averse tombant drue cette nuit-là sur une Moscou endormit ne faisait que croître crescendo le déplaisir déjà fort bien développé de la roumaine. Quelque part dans le lointain, les cloches d'une église tintèrent, marquant ainsi la seconde heure de cette journée naissante. Comme quoi, jamais il ne fallait se fier au titre d'un roman !

Remontant cette allée d'un pas pressé, la silhouette sombre s'engouffra sur la droite, dans l'une des nombreuses ruelles adjacentes. Le bruit engendré par les talons de ses bottes battant les pavés rendus glissants par l'averse, résonnait fortement à travers cette ruelle silencieuse. Liliya n'en avait cure. Elle avait conscience d'être sur le territoire d'une pègre rivale. Mais puisque nul grief ne courait entre les Krasavka et les Roza, elle se montrait moins prudente que s'il avait s'agit du territoire Orkhideya. 

La femme ne désirait qu'une chose en cet instant. En terminer rapidement avec l'histoire la menant en ces lieux et à cette heure si tardive. En pestant contre le mauvais temps, derrière une barbe qu'elle ne possédait pas, elle poursuivit son chemin, un parapluie dans l'une de ses mains, une cigarette entre les doigts de la seconde. Ne pouvait-on tuer une personne en journée et uniquement par beau temps ! - Bonsoir Kerzhakov. Civilité accordée à la suite d'une inhalation de nicotine, par un sourire glacial.

À peine un regard en sa direction, avant qu'elle ne se désintéressa aussitôt de lui, préférant concentrer son attention sur la tuerie exposée à ses pieds. Contemplant cette scène, sans que la moindre réaction ne vienne perturber les traits délicats de son visage. Le décès de tous ces hommes l'indifférait au plus haut point. Même le plus jeune, dont elle déplaça le visage jusque dans le halo de la lumière provenant d'un réverbère au loin, de la pointe de l'une de ses bottes.

Pasha… Patya… Pankrati…. Cela pouvait même être Kolyat. Peu lui chaut en réalité de raviver le souvenir de son identité. Le jeune homme n'était plus là après tout, pour s'en offusquer. L'apathie dont elle faisait preuve pouvait en heurter certain. La réaction des autres la laissait tout autant de marbre. - Lesquels de ces hommes étaient de l'organisation ? Sur la dizaine de corps, Liliya ne saurait dire avec précision s'ils étaient membres ou non, de la pègre des Roza. Elle comptait sur Anton pour cela.

- Quant aux autres, sont-ils des sorciers, des créatures ou bien des moldus ? De cette réponse, allait dépendre la suite des opérations. Elle ne pouvait décemment pas laisser exposer ainsi aux yeux des moscovites, tant des cadavres de créatures magiques, que ceux appartenant à des sorciers. En ce qui concernait les moldus par contre, c'était une tout autre histoire. Pour eux, il lui suffisait simplement de modifier la scène de crime, afin de faire passer ceci pour un simple règlement de comptes entre deux bandes rivales ayant dégénéré.