Il fait un froid glacial à MOSCOU en ce mois de FÉVRIER 1923. Préparez les manteaux de fourrures et les ouchankas, car la température ne dépassera pas -4 degrés celsius. Une forte couche de neige est attendue sur la capitale russe, qui ne fondra sûrement pas avant le printemps. Attention au VERGLAS, ainsi qu'au brouillard la nuit.
intrigue 2 Moscou, 3 février 1923.Dans les méandres des catacombes de Moscou, le monde magique s’agite. Le mouvement est en marche et ses leaders mettent tout en œuvre pour que la réunion secrète se déroule sous les meilleurs auspices. La Défense Magique est prête à se mettre en avant et à dévoiler ses premiers plans. Menée par la famille Dmitriyev, assistée par ses alliés les Grishakov, le mouvement s'installe dans les galeries souterraines sous le monastère des quartiers ouest. le rp commun
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 you can run (indrina)

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Grisha Lazarov
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MessageSujet: you can run (indrina)   you can run (indrina) EmptySam 21 Aoû - 18:50 

Petrograd, an 1917. L'homme perd haleine dans une course effrénée. L’air froid fouette son visage et le tient en éveil avant que la métamorphose ne se fasse. Lentement, le derme se tire et s’arrache, donnant naissance à une fourrure hirsute. Le visage se meut pour se transformer en museau. A quatre pattes, la créature se dirige vers une salle enflammée, cherchant sa maîtresse du regard. Au fil des années, au palais, Grisha n’a connu ni la faim ni la soif ni la pauvreté ou la violence. Pourtant, l’humiliation est restée le lot quotidien de Lazarov. Lui, chien attitré de la jeune comtesse Indrina. Son ombre dans l’adversité. Il ne sert qu’à ça, se moque-t-on. La malédiction des Kozlov dévore son être, écrasant son humanité pour faire de lui, tout comme le reste de sa lignée, une créature lupine. La vengeance se paye depuis si longtemps qu’il lui est impossible de désigner un coupable parmi ses employeurs. Il n’en reste pas moins indigné quant à sa condition. Le maledictus sait ce qu’il est depuis la naissance. Ce destin sombre et non désiré s’est refermé sur lui sans son accord. Il est né à même ce milieu abject et absurde de soumission. Quand bien même Indira s’est montré, disons, neutre envers lui, les nobles sorciers n’ont rien d’avenant envers sa personne. Il la suit par obligation, comme un laquais, responsable de son bien être depuis aussi loin qu’il se souvienne mais jamais avec grand enthousiasme. Ce jour, pourtant, tout semble flou. Grisha a vu sa mère brûler devant ses yeux. Sa petite-soeur disparaître sous les décombres de leur chambrée. Il ne lui reste plus personne. Plus personne à part peut-être Indira. Se précipitant dans la mêlée il la retrouve enfin et la tire de ses crocs en-dehors de la bâtisse, le pelage mouillé pour contrer le feu. S’il ne commente pas, il comprend les moldus, leurs motifs, mais la douleur d’avoir perdu sa famille semble brusquement plus profonde que leur haine envers l’ordre établi.

Dehors, ils courent ensemble jusqu’aux bois, Kozlova elle aussi, respirant avec difficulté. Il leur faut fuir au plus vite, la sauge étant stratégiquement balancée autour du palais. Ils parcourent les environs longtemps dans le chaos, des larmes non perceptibles se perdant sur son minois velu. Le temps s'étiole et des heures plus tard ils sont officiellement en fuite et assez éloignés pour qu’il puisse reprendre son apparence originelle. Redevenant humain, il cache son corps en se recroquevillant, s’adressant enfin à sa comparse: Habille-moi. demande-t-il sur un ton sec, la panique audible du fond de sa gorge serrée. Il n’a jamais aimé devoir lui parler, mais cette fois il n’y a plus qu’elle. Il examine, machinalement, les plaies sur son corps, nettoyant la suie sur ses joues du bout des doigts après les avoir léchés à la hâte. Les vieilles habitudes qui persistent. Mets quelque chose de plus discret aussi, comtesse - puis range ton arrogance, tu vas devoir te faire passer pour l'une d'eux si tu comptes survivre. Grommelle-t-il en russe, sur un ton sec et obligeant. Il ne la porte pas dans son cœur, c’est du moins ce qu’il s’est répété tout ce temps. Force est d’admettre qu’en cet instant, néanmoins, quelque chose le pousse à s’en rapprocher. Serait-ce de la compassion ? Pour elle ? Il reste interdit un moment avant de s'enquérir d’elle, sur un ton plus conciliant : Est-ce que ça va ? La question est sincère et il s'arrête un instant pour l’observer davantage, se voulant presque réconfortant, puis il se ressaisit.

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Indrina Kozlova
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MessageSujet: Re: you can run (indrina)   you can run (indrina) EmptyDim 22 Aoû - 19:13 

Petrograd, 1917. Du manoir, il ne reste plus rien. De sa famille, non plus. Indrina a déjà vingt-quatre ans, or c’est une petite fille qui se tient à l’entrée de la demeure familiale. Les bras le long du corps, elle demeure immobile. Les flammes chatouillent son échine, menacent d’en faire de la poussière. Mais Indrina Kozlova persiste. D’une seconde à l’autre ses parents vont arriver ainsi que ses frères et soeurs. Il faut juste qu’elle attende un peu plus. Ils viendront, pour sûr et là seulement elle sortirait. Ils iraient tous se mettre à l’abri. La forêt serait leur lieu de sûreté, certaine que ses comparses liéchis accepteraient de les aider, en dépit de tout. En dépit de la haine qu’elle leur porte, de la maltraitance subie. En dépit de n’avoir jamais été l’une des leurs.
Le temps se fait long, le feu d’autant plus menaçant mais Indrina ne lâche rien. “папа, мама”  crie-t-elle, ignorant ce qui se passe derrière elle. Seuls les crépitements brûlants lui répondent. Les bruits extérieurs jouent derrière la rescapée qui perd espoir. Et, bientôt, quelque chose ou quelqu’un la tire en arrière. Elle s’en rend à peine compte d’être propulsée en arrière, toutes ses forces concentrées en ultime plainte : “папа, мама”  Cette fois-ci encore, personne ne répond.

Elle court. Elle court comme elle n’a encore jamais couru. Elle suit une silhouette, sans rien comprendre. Ce n’est qu’une fois en forêt qu’elle l’identifie : Grisha. Les larmes ruissellent sur ses joues tandis qu’elle peste intérieurement contre celui qui l’a arrachée aux siens. Elle était si bien, là, parmi les flammes. Et puis sa famille doit se demander où elle se trouve, si elle est toujours bien vivante. Elle ne veut pas les inquiéter, délire-t-elle. “ STOP” crie-t-elle au loup. Mais il continue et elle le suit. A bout de souffle, Indrina peine à se remettre de leur course effrénée. Elle tourne sur elle-même, ignorant la forme humaine qui reprend ses droits. Les liéchis sont là, quelque part. Elle doit les trouver, ne serait-ce qu’un. C’est l’unique moyen de venir en aide à ses proches. Qu’en est-il des Lazarov ?
Des heures qu’ils ont couru, mais Indrina ne s’en rend pas compte. Ce n’est que la voix de Grisha qui calme son agitation. Elle s’applique donc à l’habiller mais ne peut contenir la colère qui gronde en elle : “Parle-moi sur un autre ton, loup”. Elle n’a plus de larmes à pleurer, aussi sa parole se veut aussi sèche que celle de son guérisseur. Ce dernier l’examine méticuleusement, elle se laisse faire. Au diable sa peau abîmée, l’adrénaline qui délivre la douleur. Les cris de ses proches hantaient jusqu’alors ses pensées. Plus maintenant. La réalité revient en esprit et l’inévitable réalisation : toute sa famille est morte dans ces flammes qui ont écorché son corps, là où elles auraient dû l’emmener à son tour. Des larmes inespérées inondent à nouveau. La voix de Grisha en arrière plan, elle lui répond la voix tremblante : “ Je te le répète : cesse de me parler ainsi. Rien de tout ça est de ma faute. ” essaye-t-elle de se convaincre. Indrina regarde à peine le guérisseur. Sa chimère qu’elle porte sur elle. Pourtant, elle s’active. D’un geste sec, elle défait sa cap et déchire sa robe : les manches, le corset et le bas. Tant pis si l’on voit ses genoux. “ Ca suffira, pour l’instant” car quelque chose la pousse à courir encore. A mettre le plus de distance entre elle et cette maison en feu.
Grisha s’inquiète de son état, soudainement. Il a de la pitié pour elle, ce lui qui la surprend tout à fait. Or c’est la question en elle-même qui la touche là où ça pique. Là où ça brûle encore. Elle s’en veut déjà pour ce qu’elle s’apprête à faire mais Indrina s’effondre tout de même. Ses jambes lâchent, elle rejoint le sol et s’autorise à pleurer un instant, tout en répétant inlassablement que oui, elle va bien. Très bien, même. Incapable de se relever. “ Je ne veux pas de ta pitié” lui adresse-t-elle enfin. “ Tu peux me laisser ici, si tu le souhaites. Je saurais me débrouiller.” Mensonge.
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MessageSujet: Re: you can run (indrina)   you can run (indrina) EmptyJeu 26 Aoû - 19:00 

Le pas lourd ils s'entrainent dans un taraud labyrinthique. Il y a si longtemps qu'ils marchent que Grisha en personne ignore tout à fait où ils sont. Il sait qu'il faut fuir. Pour aller où ? Il l'ignore. C'est le monde magique entier qui semble partir en flammes. Quand bien même le mi-homme, mi-animal s'attendait à la rébellion du peuple sur les nobles de Russie, force est d'admettre que les foudres de tous les moldus s'abattent sur eux. Principauté sorcière source de tous leurs malheurs, voilà que les mots de son pater résonnent en son crâne : Ils causeront notre perte. Ils se retourneront contre nous. Le vieillard n'avait pas tort, voilà que la comtesse et son laquais sont encerclés par l’ennemi qu’ils tentent de fuir. Tous deux ont parcouru plusieurs kilomètres et pourtant l’odeur de brûlé est toujours perceptible, insupportable et envahissante. C’est leur monde qui se retrouve calciné. Un univers d’espoir embrasé par l’incompréhension, un sentiment lancinant d’infériorité et un désir de rétribution. Serrant la mâchoire, le regard désespéré de sa mère reste gravé en sa mémoire. Il aurait fait la même chose à leur place, a-t-il pensé avant d’assister à la disparition des son propre sang. Du château il ne reste rien. De l’espérance tout a été consumé. Stop, crie-t-elle. C’est encore sous le choc qu’ils cessent leur course effrénée, se retournant brièvement pour observer les méandres du passé les quitter. Sois discrète, tu vas nous faire repérer, répond-t-il sur un ton agacé.

Elle s’adresse au guérisseur avec autant de tact qu’il le fait, la bile remontant sa gorge. Les non-dits sont nombreux entre eux. Entre soumission et humiliation, il y a longtemps que Grisha se veut irrévérencieux. Rejet d’un assujettissement malgré lui, il s’en prend à la seule qui n’a pas désiré le sort qu’on lui réserve depuis la naissance. Du moins, c’est ce qu’elle dit. Ce n’est jamais ta faute, n’est-ce pas comtesse ? Crache-t-il en secouant la tête. Tu fais partie d’un rouage que tu ne t’es jamais donné la peine d’arrêter. Il l’approche en feignant une menace. Peut-être que te dévorerais-je quand je deviendrai un animal ou comptes-tu continuer à me tenir en laisse maintenant qu'il n'y a plus que toi et moi ? Ses billes d’argent se perdent un instant dans ses ambres. L’émotion les rend humide et brillantes. Te débrouiller. Tu iras loin, seule avec tes peurs et tes diamants. Il marque une pause avant d’ajouter la voix tremblante : Reste avec moi. Ce sont leurs deux familles qu’ils ont perdues.

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Indrina Kozlova
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MessageSujet: Re: you can run (indrina)   you can run (indrina) EmptySam 28 Aoû - 23:22 


Elle n’en a que faire, Indrina, de se faire repérer. Peut-être est-ce même son but qu’on leur vienne en aide. Ils sont en forêt, son terrain de jeu préféré. Loins de Petrograd mais il devrait y avoir des liéchis dans le coin aussi. Ne dit-on pas qu’ils sont partout et nulle part à la fois ? Le temps passe tandis que les âmes de la forêt ne répondent à aucune de ses suppliques intérieures. Indrina comprend que personne ne leur viendra en aide. La guerre a réellement commencé. Ils sont seuls, du moins pour l’instant. Ses comparses ne se montreront pas. Ainsi soit-il, elle préfère obéïr à l’ordre craché par l’unique personne qui lui reste : Grisha. Lequel s’adresse à elle sans compassion aucune, sans émotion, juste de l’agressivité. Serait-ce sa manière d’extérioriser ses propres pertes et le chagrin y découlant ? Car il n’a encore rien dit concernant sa famille. La demie-liéchie s’abstient de toute question mais pense connaître les réponses. Celles qu’elle préfère ne pas entendre. En dépit de cela, Indie n’a pas l’intention de devenir le punching-ball attitré de monsieur Lazarov. Pas même dans ces conditions ô combien difficiles. Moins encore quand on lui reproche des fait qui n’ont rien en commun avec leur situation immédiate. “Mais de quel combat parles-tu ? Nous sommes en danger et tu ressasses cette maudite histoire de malédiction ?” Vraiment, cela échappe au bon sens. “ Tu t’égares, loup” Et à Indrina d’accentuer à nouveau sur l’animal. Car c’est lui qui semble cracher à son visage toutes ces immondices. Ce n’est ni le lieu ni le moment d’évoquer ce sujet car le temps manque et la menace demeure très proche. Si ce n’était qu’elle, ils seraient déjà bien loins d’ici à présent qu’elle reprend son souffle. Or c’est une gifle qui démange sa main quand Grisha se rapproche d’elle sans se défaire de cette lueur inqualifiable pour lui opposer une alternative. Il pourrait la déchiqueter en un instant, ce qui est juste. Elle frisonne rien qu’à imaginer la bête fondre sur elle. Mais elle n’a pas peur de lui. Quant à l’autre option, elle ne peut s’y intéresser. “ Tu préfères que je ne réponde pas à cette question” souffle-t-elle. En réalité, elle n’a aucune idée de ce qui adviendra. C’était le cas dans leur ancienne vie, cela demeure à présent. Pour lors, elle ne peut donc objecter quoi que ce soit d’autre, déjà captivée par l’humidité des yeux du loup. “ Ne nous fâchons pas, Grisha, chaque chose en son temps.” finit-elle, mélancolique. Pourtant, elle lui propose qu’ils se séparent. Que chacun vaque de son côté. N’est-ce pas ce qu’il a toujours souhaité, être libre et débarrassé d’elle ? Aussi sa réponse ne l’étonne guère, mais elle ne peut s’empêcher de rétorquer : "J'irais plus loin seule si tu continues ton cinéma.” bredouille-t-elle, l’air quelque peu snob. Celui qu’il déteste. Parfait. Ou presque parce qu’il prononce trois mots qui créent en elle une décharge. Trois mots qu’elle désespérait d’entendre : “reste avec moi”. Il lui faut du temps, à la liéchie, pour intégrer l’information, la traiter,  l’accepter, la digérer. Elle plonge son regard dans le sien, y cherche des réponses qu’il n’a certainement pas. Ce qu’elle aimerait répondre positivement à sa demande, glisser sa main dans la sienne. Mais ça ne semble pas juste, quelque chose la retient. Indrina se tourne alors vers l’arrière, là d’où ils viennent, et murmure les yeux mouillés : “ Et eux ?” Qu’adviendra-t-il de leurs familles ? De leurs vies ?
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Grisha Lazarov
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MessageSujet: Re: you can run (indrina)   you can run (indrina) EmptyVen 3 Sep - 21:58 

La bile lui retourne l'estomac. La colère s'accumule et laisse place à un sentiment profond de deuil qu'il ne peut tout à fait maîtriser. Ils ont eu ce qu'ils méritent, les Kozlova, l'ordre établi, pourtant face à leur dernier rejeton il ne peut tout à fait s'en réjouir. Les chaînes se brisent mais ne suffisent pas à trouver la paix. C’est le monde magique entier qui empathie et les voilà eux-mêmes en danger. À croire que les moldus sont incapables de discerner la domination minoritaire des innocents du conflit. Le corps est épuisé et l’esprit ressasse les derniers événements en boucle, tentant tant bien que mal d’accepter l’impensable. Leurs familles ont été décimées sous les flammes de vulgaires inconnus. Leur chair et leur sang, à jamais terrassés par la rétribution bolchévique. Il écoute la comtesse la mâchoire serrée, le manque de sommeil n’aide en rien la conversation qui découle de leur échange échaudé. « Je ne parle pas de moi, l’arbuste. Tu n'as pas remarqué que tout le peuple moldu s’est soulevé ? » Il pousse un soupir lourd de signification, visiblement irrité par sa réaction. Les mots fusent entre eux comme ils l’ont toujours fait, le laquais refusant de courber l’échine face à elle. Cette fois pourtant il ne reste plus qu’eux et ses remarques semblent futiles face à la tragédie à laquelle ils ont échappé pour l’heure. Pris de rage et impuissant, il frappe un tronc de son poing et étouffe un cri. Le vermillon s’égoutte de la jointure de ses doigts alors qu’il pince ses lèvres tremblantes. Elle fait sa snob et le laisse expier ses démons, l’émotion s’apaisant lentement avant qu’il ne finisse par s’adresser à elle convenablement. Pour la première fois, peut-être, laisse-t-il ses sentiments véritables transparaître dans ses propos. Elle a beau être agaçante et lui fier comme un coq blessé, elle est tout ce qui lui reste de l’existence qu’il menait. « Ta peau me serait indigeste. » dit-il pour tenter d’adoucir l’atmosphère.

L’idée qu’elle craigne véritablement ses crocs lui plaît presque, mais ils ont assez souffert pour cette vie et la prochaine. Lentement ils poursuivent leur marche dans la végétation, leurs silhouettes solitaires se détachant du paysage. « Tu sens leur présence ? » s’enquiert-t-il tout en tentant de se réchauffer. Il leur faut une protection et les liéchis pourraient leur être utiles pour la nuit. Un sentiment d'urgence s'empare de lui. « À l’arrivée de sans magie, nous pourrions nous métamorphoser, ou prétendre être non-mages à notre tour. Quoiqu’il en soit il nous faut à présent une couverture. » songe-t-il en s’enfonçant davantage dans la forêt, jusqu’à ce qu’Indrina se retourne, perturbant leur marche d’un regard empli de douleur. Hésitant, il glisse une paume contre la sienne. Le contact le fait frémir mais semble si évident. Il lui répond ensuite dans un murmure, des flammes lointaines se miroitant dans ses orbes : « Ils ont disparu sous mes yeux, Indie. Ils ne reviendront pas. » Les condoléances sont ainsi formulées, d’une simplicité déconcertante.

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Indrina Kozlova
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MessageSujet: Re: you can run (indrina)   you can run (indrina) EmptyLun 6 Sep - 17:16 



C’est au milieu de nulle part qu’Indrina se rend compte qu’ils sont perdus. En pleine forêt, ils sont perdus. Quelle ironie ! N’est-ce pas là qu’elle devrait se sentir en confiance, elle la demie-liéchie ? C’est plutôt l’effet inverse qui se produit. Oui, en échappant au regard meurtrier de Grisha, le sien se pose ici et là dans la végétation et… rien. Pour la première fois de sa vie, le silence des arbres, de leurs branches et feuilles ne lui inspirent guère confiance. C’est comme si la vie s’échappait en même temps que Grisha et elle. Chacun occupé à sa propre survie. Quand elle observe à nouveau son compagnon, Indrina se demande s’il est avec ou contre elle. Le doute l’assaille, l’agacement en prime. “Que crois-tu ? Que j’ai accepté ta main tendue pour une jolie balade en tête-à-tête avec toi ?" Elle ignore d’où lui vient ce sarcasme et repense à ses parents qui ne lui auraient jamais permis telle familiarité. Bien moins encore avec un Lazarov. Lequel Lazarov ne cache pas son agacement et son impatience. Sur ce point, songe la liéchie, ils sont au moins d’accord. Mais là où elle garde tout au fond d’elle et accepte le déni, le loup porte un coup à un arbre. Indrina, elle, demeure dans le silence. Là où elle l’aurait confronté dans d’autres circonstances, puni pour son geste, Indrina assiste, mutique et paralysée, à l’expression des émotions de Grisha. Quelque chose en elle se déclare quand son poing rencontre l’écorce puis quand elle aperçoit le liquide noirâtre sur les phalanges du loup. Toujours sans dire un mot, elle s’approche de lui, pose ses mains sur ses épaules et descend jusqu’à la main blessée. Elles déroulent lentement la sienne. Et alors elle l’entend revenir sur ses mots. Il ne lui ferait pas de mal, non par courtoisie, mais parce que sa peau lui serait indigeste, qu’il dit. Concentrée sur les plaies, un soulagement inaudible l’étouffe et l’oblige à reculer. Elles sont superficielles, mais il lui faut de quoi les nettoyer. Ils doivent se remettre en route, mais les seuls mots qu’elle parvient à énoncer sont : “ Merci du compliment”. Et à elle de lui présenter son sourire des plus hypocrites, toujours sans jamais croiser son regard.
Indrina n’ignore pas tout à fait si Grisha lui fait peur. Elle pourrait même avouer qu’elle se sent souvent plus en confiance avec sa forme louve. Mais elle ne souhaite pas approfondir le sujet. Ils reprennent alors la cadence de la marche rapide, sans d’autres horizons que le point le plus éloigné de Petrograde. Ironiquement, le seul endroit où la liéchie aimerait pouvoir aller. Derrière lui, elle avance dans ses pas. Elle manque de glisser à plusieurs reprises, un comble pour l’être de la nature, distraite. Bien résolue à trouver une âme aidante, sa tête se tord de tous les côtés afin de trouver quelque chose. En vain. “ Non, je ne les sens plus” pose-t-elle, avant de poser l’évidence qu’elle fuyait jusqu’alors : “ Ils sont tous partis. Il n’y a plus que nous.” Les arbres présents tiennent à peine debout. Les larmes remplissent ses yeux déjà humides. Jamais elle ne s’est sentie aussi seule… aussi vide. La forêt est un lieu de ressource… ça ne l’est plus. Ce manifeste alourdit son pas. Elle est alors bien contente de voir que Grisha ne s’est pas retourné. Elle n’a pas envie de lui montrer à quel point tout ceci la détruit. Sa famille, sa maison, sa forêt. Tous ses repères ne sont plus. Les moldus lui ont tout prix. Mais jamais, ô jamais, ils ne l’auraient, se promet-elle. C’est donc avec entrain qu’elle répond au seul être encore à ses côtés : “ L’option métamorphose est à privilégier tant que nous sommes en forêt. Nous pourrons les perdre plus aisément pour ensuite s’enfuir.” Ils continuent de s’enfoncer davantage en forêt. “ Quand nous arriverons près de la ville… nous prétendrons avoir été pourchassé dans la forêt.” C’est bien la seule couverture à laquelle elle peut penser. Guère stratégique dans l’âme. “ Tâchons de rester en forêt pour l’instant.” Son lieu de jeu, de vie, d’apaisement… maintenant de survie
Soudainement, Indrina s’immobilise. De même que Grisha, telle une ombre. Tournée vers Petrograd, une voix désespérée brise le silence de la forêt : Et eux ? implore la liéchie. Le sel perle sur sa peau lisse quand le loup glisse sa main dans la sienne, ce qui lui fait détourner la tête vers Grisha qui lui murmure l’indicible. “ Ne dis pas ça” supplie-t-elle. Son corps se rapproche du loup, son front collé au torse dur de ce dernier. Ses joues mouillent ce qui n’est pas à elle, ce corps qu’elle évitait tant autrefois. Qui la rebutait. Défaite, elle lève son regard vers le lien et se rend compte, finalement, que sa nouvelle vie commence à cet instant précis : dans les bras de Grisha Lazarov.
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MessageSujet: Re: you can run (indrina)   you can run (indrina) EmptyMar 7 Sep - 15:26 

Le pas feutré, ils marchent, la fatigue prenant possession d’eux et ralentissant leurs enjambées. À mesure qu’ils s’éloignent du palais, le malédictus réalise qu’ils n’y retourneront plus. Les chaînes du laquais se sont brisées au milieu des flammes, avalant sa mère et son père avant qu’il ne leur échappe. Lui qui fantasmait sur sa libération a assisté à la chute de ceux qui lui sont chers, du moins une partie, le regard déviant vers la silhouette longiligne et menue de la comtesse. Il se traîne derrière elle avec une condescendance marquée et habituelle, cette fois pourtant leurs querelles lui semblent désuètes et inappropriées. Tout loup solitaire qu’il aimerait s’imaginer, le fait est que l’hybride juvénile est à présent tout ce qu’il reste de son monde. Un univers profondément inéquitable et détruit par l’irrévérence moldue cette nuit même. Un traumatisme plus profond qu’il ne peut encore le dire. En fuite, il refuse de se plier à elle plus longtemps. “Tu aimais ces balades, elles te permettaient de fuir ceux que tu pleures à présent.” remarque-t-il justement. Il a beau compatir avec sa peine, ressentant la même, il refuse de la laisser idéaliser aveuglément les siens. En dépit de leurs innombrables confrontations, ils ont grandi ensemble, elle toujours au-dessus de lui dans la hiérarchie, et le fait est qu’il la connaît peut-être plus qu’elle se connaît elle-même, l’ayant vu réagir face à bien des déceptions et convenances désagréables pour elle qui, il le sait, aurait tout donné pour vivre ici même dans les bois verts avec les siens. Son domaine les entoure plus que le palais n’a su le faire, le rassurant quelque part. Mais lui, où est son chez lui ? Y’a-t-il seulement un endroit auquel il appartienne ? Il est fatigué du silence imposé par les Kozlov et, s’enfonçant dans l’abysse, l’encéphale part à la dérive un instant, revenant à lui au son cristallin et maussade de sa voix. Il n’y a plus que nous. Le phrasé est saisissant pour le garçon qui glisse aussitôt ses phalanges entre les siennes, dans un geste timide mais réconfortant auquel il ne s’était pas essayé auparavant, si ce n’est lorsqu’elle pleurait parce qu’elle venait de trébucher sur un piège. “Seuls les arbres se souciaient de toi comtesse.” Le voilà qui rétablit la vérité. Son instinct personnel le fait également examiner les lieux avec le regard d’un prédateur. Pinçant pourtant ses lèvres, il ajoute, sur un ton sérieux, tentant de la réconforter malgré la peine: “Ce sont eux ta véritable famille. Ceux qu’il nous faut retrouver.” Les géants de la flore ont le mérite de l’attendre. Acquiescant lors de l’élaboration de leur plan, il pousse un soupir et pose enfin la question qui le taraude depuis leur départ du château : “Je veux m’affranchir, je l’ai toujours voulu - mais j'aimerais aussi rester à tes côtés. Pas en tant que ta créature personnelle, mais plutôt comme un ami.” Son ami. Un égal et plus un sbire. Il marque une pause et laisse l’information pénétrer son esprit. Un lupin heureux de vivre parmi la verdure, de quoi réécrire leur histoire. Peut-être est-ce la peur de la solitude qui parle ou peut-être n’est-elle pas si agaçante que cela même pour un maudit à l’agenda socialiste. L'accepterait-elle et à quel prix ?

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Indrina Kozlova
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MessageSujet: Re: you can run (indrina)   you can run (indrina) EmptyVen 17 Sep - 12:26 



C’est un trou béant qui gît en plein coeur de la liéchie. Une peur, un inconfort. En elle se joue un combat tout aussi violent que celui qu’elle fuit. Ils sont encore proches de la ville, bien trop proches, mais l’ancienne Indrina confronte la nouvelle. Le jour familial est levé, les rapports de force ne sont plus. Or c’est un trou qu’elle sent au niveau de son plexus : ils lui manquent. Sa famille, ses bourreaux, lui manquent atrocement. Alors fait-elle ce qu’elle n’a encore jamais fait, elle se confie à Grisha. Au seul encore présent à ses côtés, telle une évidence. “Est-ce si fou de les haïr depuis mon être le plus profond tout en ressentant leur manque ?” demande-t-elle, au bord des larmes. Indrina ne sait plus, le vague à l’âme. Ses émotions s’emmêlent en une boule compacte, tiraillée entre la colère d’une jeune fille malmenée, toute sa vie perçue tel un objet, et la peur d’être seule, libre de toute attache. En un sens, vivre sous la contrainte est devenue une habitude, une zone de protection : elle n’a que jamais vécu dans ces circonstances, aussi sa nouvelle liberté a un goût d’étrangeté. Un goût si délicieux, mais bien trop amer. Elle aurait dû remercier la guerre pour avoir ôté ces mains qui la tenaient en laisse.  Indrina en est incapable. Se réjouir n’a jamais fait parti de son vocabulaire, alors comment pourrait-elle le ressentir à présent ? Dans ces conditions ? Et en rien les mots de son fidèle compagnon ne baissent sa garde. Sa famille, celle qui a atteint son cœur, se trouve au milieu de la forêt. Celle-ci, la précédente et toutes celles qu’elle parcourera. En cela, Grisha a bien raison mais il est encore trop tôt pour que la liéchie l’entende ainsi. “ Oui… je ne le sais que trop bien” rétorque-t-elle tandis que le jeune homme inspecte les environs. De sa voix grave, celle qu’il prend lorsqu’il prodigue ses soins ou souhaite la raisonner, il parvient à redonner un peu de contenance à Indrina. Ils les retrouveront, oui. Que ce soit ici ou ailleurs, maintenant ou plus tard. Qu’importe le temps, ils sont sa famille et ce sont eux qui doivent lui manquer. Eux sur lesquels projeter l’inquiétude et l’espoir. Ce sont eux, sa famille, et jamais ils ne l’abandonneront (là où elle n’avait été qu’un bout de chair mise en pâture contre une poignée de sous). Ils ont été les premiers à s’offusquer de la manière dont on la traitait, les premiers à lui répéter encore et encore les tenants et aboutissants de sa condition. En dépit de la longue adaptation, ils n’ont jamais cessé d’être présents. Ils continueraient de l’être. Indrina en est convaincue. “Tu as raison, ils sont notre unique chance. Hâtons-nous.” Et la voilà qui s’apprête à reprendre chemin, une énergie nouvelle à dépenser. Mais elle sent que quelque chose tracasse Grisha qui ne perd pas un instant pour résoudre le mystère. Il délivre des mots qui sont aussi compliqués à dire qu’à entendre. Indrina devine la force d’esprit qu’il faut pour les prononcer (là où elle n’a jamais tout à fait réussi). Elle découvre en Grisha une bravoure qu’elle n’a jusqu’alors jamais soupçonnée. Trop occupée à regarder son propre nombril ? Ou encore à le considérer comme une simple présence, postée continuellement à sa droite, se mouvant à son rythme. Tout simplement habituée à le considérer comme une ombre ? A ces mots, le voile se soulève et Indrina perçoit enfin qui est cet être qu’elle n’a jamais considéré comme tel. Grisha Lazarov. Le regard fondu dans celui du loup, elle voit enfin l’azur de ses iris qui l’aspire, ses fines lèvres qui murmurent si délicatement son prénom. Il lui faut plusieurs secondes au goût de minutes quand elle baisse finalement la tête et murmure : “ Très bien.” Elle acquiesce de la tête, le visage fixé sur ses fines chaussures. Quand elle daigne la relever, Indrina se dit que tout ceci fait beaucoup de changements. Mais si ce n’est aujourd’hui, quand ? Quand cessera-t-elle de prétendre qu’il n’est pas là ? Qu’elle n’est pas, elle aussi, le bourreau d’un autre ? Alors c’est résolument décidée quoique consciente qu’il leur faudra du temps pour y parvenir qu’elle dit : “ Soyons amis.” Et comme pour sceller la chose, à sa manière, elle ajoute : “ Mais ça ne t’octroie toujours pas le droit de m’appeler Indie.” Une précision taquine qui laisse en son sillage un mince rictus.

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