Il fait un froid glacial à MOSCOU en ce mois de FÉVRIER 1923. Préparez les manteaux de fourrures et les ouchankas, car la température ne dépassera pas -4 degrés celsius. Une forte couche de neige est attendue sur la capitale russe, qui ne fondra sûrement pas avant le printemps. Attention au VERGLAS, ainsi qu'au brouillard la nuit.
intrigue 2 Moscou, 3 février 1923.Dans les méandres des catacombes de Moscou, le monde magique s’agite. Le mouvement est en marche et ses leaders mettent tout en œuvre pour que la réunion secrète se déroule sous les meilleurs auspices. La Défense Magique est prête à se mettre en avant et à dévoiler ses premiers plans. Menée par la famille Dmitriyev, assistée par ses alliés les Grishakov, le mouvement s'installe dans les galeries souterraines sous le monastère des quartiers ouest. le rp commun
messages : 111 roubles : 264 date d'inscription : 30/07/2021 face claim et crédit : matthew mcconaughey (sicecream, ethereal) âge et labeur : 48 ans / rejeton dépositaire des affaires familiales, inventeur maginologue. faussaire qui s'enrichit sur le dos du désastre, trafiquant de faveurs, gardien de secrets. myocarde : l’annulaire immaculé des astreintes, le cœur dérobé, qui valdingue entre deux. particularité : antre sibylline où s'éclipsent toutes ses ressources les plus précieuses, le fond de l'encéphale est armé de serrures et d'illusions, occlumens (troisième degré) initiation à l'autre face du miroir, legilimens (premier degré). rps :
--- the city's on fire, we're going up in flames, we called out for guidance but nobody came, covered in ashes, we're covered in ghosts, heaven forgive us for selling our souls.●●
Il faut que nous gardions nos distances, Anka. Parce qu’il faut qu’il se garde d’eux, qu’il se garde de lui. Parce qu’elle a tué son petit frère et qu’il ne parvient pas à lui en vouloir, même avec cette peine qu’Ilia ne mérite pas mais qui perce malgré tout l’myocarde du menteur. Artem s’en veut, lorsque l’ivresse ou le silence s’immiscent vilement jusque dans le fond de son esprit, qu’il n’a rien d’autre à faire qu’à penser à tous les instants où il aurait pu – du – tendre la main au plus jeune au lieu de dédaigner son manque de talent, son manque flagrant d’humanité. Il n’a ni le cœur ni l’envie de pardonner les écarts et la violence, même s’il sait que ça court chez les Grishakov, cette fureur, ce vice, qui rampent sous les peaux et se défilent au-delà des charmes et des sourires. Même s’il est coupable de cette férocité commune au membre de son clan, il a les yeux fardés d’illusions, éclats d’un amour défendu, tous ces sentiments étouffés en dedans qu’il ne s’est jamais permis de ressentir, jamais vraiment, à part dans ces regards, ces moments d’éternité quand, au travers de la foule ou lors des diners de famille, les orbes se rencontraient pour ne pas vouloir se lâcher, chargées d’indécence, de flammes vives et languissantes et c’était pire que s’ils avaient fait l’amour parce qu’ils se retrouvaient en secret, les âmes mêlées au creux de chimères que ni l’un ni l’autre n’avaient le droit de cultiver. Des chimères qui l’avaient alors poussé à l’impensable, qui dispersent encore sur sa langue le goût des regrets et remuent dans ses entrailles la culpabilité, l’horreur de ses actes associée à la face du frère dérobé par l’injustice d’une vie qui l’avait gardé de ses bénédictions, vilain canard d’un sang céleste et dont il était pourtant jaloux, parce qu’il avait eu la main d’Anka, comme un cadeau pour conforter son existence misérable.
Les mots sont venus jusqu'à lui, murmures des dettes du mari embrassé par le trépas et pendant longtemps il a ignoré l'évidence, persuadé que la distance était la seule solution à une immoralité qui ne l'avait jusque-là jamais dérangé. Pendant longtemps, mais pas ce soir, pas sous la voûte étoilée qui crache sa froideur hivernale comme une insulte - ou un avertissement - sur le peuple scabreux des quartiers sud de la grande moscovite. Le long manteau noir semble traîner derrière lui comme une ombre et il disparaît au détour d’une rue jusque dans la gueule béante de la nuit, jusqu’aux portes de la Rose Ecarlate dont il contemple l’entrée les lèvres pincées. Accès accordé sans cérémonie, la carcasse haltière est reconnue par le cerbère, pair obscur qui salue le maître des faveurs d’un bref signe de tête. Il n’est pas familier avec les lieux, le faussaire, ce n’est pas son style, il préfère la splendeur de l’élite à l’antre des mirages. Quoiqu’il doit bien admettre les ressemblances et apprécier la désobligeance, les intentions mises à nue, crues, exposées ça et là sur des faces alcoolisées sans la réserve que s’impose la fine fleur. Il suffit d’une requête, d’une poignée de roubles et on le conduit au-delà des étoffes. Artem s’installe d’une nonchalance toute contrôlée dans le fauteuil qui trône dans ce recoin discret du cabaret, l’palpitant tambourinant contre sa cage thoracique soudainement trop étroite, le regard dardant le rideau qui le sépare encore des retrouvailles.
messages : 165 roubles : 573 date d'inscription : 30/07/2021 face claim et crédit : gemma chan (avatar nanami, bann et sign zaja) âge et labeur : 36 ans, elle est danseuse et chanteuse de cabaret et vend ses charmes aux plus offrants. Egalement tueuse pour les roza. myocarde : veuve après un mariage éprouvant, sans la moindre once d'amour. elle s'est depuis fermée à tous sentiments, sans pouvoir oublier certains visages trop marquants. rps : en cours : albus, artem, rennie, lev, gellert.
Le costume de scène revêtu avec lenteur, Anka entrait dans sa nouvelle peau comme on se plonge dans un rôle avant une représentation de théâtre. C’était le même rituel tous les soirs, immuable et presque réconfortant, écho d’un passé étincelant où elle se préparait avec la même attention avant de monter sur scène. Concentrée comme si sa vie en dépendait, fermée aux remous extérieurs pour ne penser qu’au spectacle. Le frisson n’avait plus rien de celui d’antan, quand elle enfilait ses chaussons et qu’elle piétinait dans les coulisses, le cœur battant et les yeux brillants. Mais elle se surprenait toujours à ressentir un petit quelque chose avant que le rideau ne se lève, même à présent. Même quand elle entendait les rires gras et le choc des verres dans l’obscurité, juste derrière les lourds velours. Même quand elle avait l’impression que tout s’était éteint en elle, que la magie et l’excitation s’étaient envolées sous les doigts fallacieux des inconnus qui défilaient pour laisser un vide noirâtre au fond de son être … Il restait ce petit quelque chose d’indéfinissable qui surgissait dès les premières notes, qui la portait. Et qui effaçait tout l’espace de quelques instants. Ne restait que la musique, la danse, et le plaisir d’être sur une scène – quelle qu’elle soit.
Scintillante de strass et de plume, accompagnée des autres danseuses, Anka s’élança une nouvelle fois sur la scène, le sourire plaqué aux lèvres. D’abord elle ne vit rien, comme à son habitude. L’explosion de couleurs, de lumières et de musique l’emportait ailleurs pendant les premières minutes et elle oubliait où elle se trouvait. Elle avait besoin de ce bref mais délectable oubli pour retomber avec légèreté dans la réalité, pour s’approcher ensuite et découvrir ceux qui se cachaient dans l’obscurité, pour les dévisager tous sans avoir envie de leur arracher les yeux. Il fallait se montrer obligeante, ils avaient payé pour un spectacle et devaient continuer de croire qu’elle était ravie de le leur offrir. Alors elle finit par les regarder, par leur offrir ces regards qu’ils aimaient, ces gestes qu’ils prenaient pour eux seuls. Un par un, les ensorceler d’un sourire, d’une pose suggestive, d’un geste charmeur peaufiné par l’habitude. Elle était la plus exquise des créatures qu’ils puissent contempler ce soir, presque à portée de leurs doigts, si proche mais inaccessible, jouant sur cette frontière avec une virtuosité consommée.
Et puis elle le vit.
Son corps poursuivit sa danse sans que rien ne trahisse sa surprise, mais son regard avait changé, son sourire s’était figé. Que faisait-il ici ? Il évitait ce lieu avec un tel acharnement qu’elle s’en était vexée à de nombreuses reprises avant de l’accepter bon gré mal gré. Il avait décidé de l’éviter elle, de mettre de la distance entre eux. Une distance qu’elle haïssait, qui consumait sa chair dès qu’elle se permettait de penser à lui. Mais voilà qu’il était venu. Elle s’imposa de détourner les yeux de lui, de l’ignorer pour mieux gratifier de ses charmes les autres clients, mais elle sentait son regard brûlant persévérer sur sa peau. Comme lors de ces bals de jadis où ils se cherchaient sans cesse sans jamais pouvoir se trouver … Mais elle n’était plus prisonnière d’un autre, et pourtant il ne la touchait jamais autrement qu’ainsi, de loin, sans jamais franchir cette distance qui la rendait folle. L’épiderme brûlant, elle s’assit sur les genoux d’un homme choisi au hasard, le gratifiant d’un de ces contacts qu’elle offrait si rarement. Il n’avait rien de commun avec lui mais au moins répondit-il avec une fougue qui rasséréna la confiance qu’elle avait en ses charmes. Et elle ressentit un plaisir aussi intense à voir le regard bouleversé de cet inconnu en le quittant à la fin de son petit spectacle, qu’à ignorer sciemment le coin où il s’était installé. Et elle retrouva l’ombre de ses coulisses, le cœur battant à lui exploser la poitrine.
messages : 111 roubles : 264 date d'inscription : 30/07/2021 face claim et crédit : matthew mcconaughey (sicecream, ethereal) âge et labeur : 48 ans / rejeton dépositaire des affaires familiales, inventeur maginologue. faussaire qui s'enrichit sur le dos du désastre, trafiquant de faveurs, gardien de secrets. myocarde : l’annulaire immaculé des astreintes, le cœur dérobé, qui valdingue entre deux. particularité : antre sibylline où s'éclipsent toutes ses ressources les plus précieuses, le fond de l'encéphale est armé de serrures et d'illusions, occlumens (troisième degré) initiation à l'autre face du miroir, legilimens (premier degré). rps :
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Le visage reste impassible alors qu’il boue en dedans, entre désir et colère, là au creux de toutes les émotions contradictoires qui accompagnent la vision comme les souvenirs, Anka au coeur des tremblements qui agitent sa cage thoracique. Il n’y a que son regard pour le trahir, ses orbes résolument accrochées à chaque mouvement de l’enchanteresse, chaque pas de danse qu’elle enchaîne d’abord en l’ignorant puis en le provoquant. Il a l’air d’un prince sur son trône de velours carmin, les jambes croisées, les avant-bras nonchalamment posés sur les rebords du fauteuil, rien dans son apparence ne suggère la bataille qui fait rage en dedans alors qu’elle joue de ses charmes au contact d’un autre. Elle n’a aucune idée de la force qu’il lui faut pour retenir la tempête qui déferle dans ses veines, cette envie de se dresser au milieu de ce parterre de misère et l’arracher à cette peau, à cette scène, à cette vie, de l’emmener avec lui où il serait enfin défait de la honte et de la culpabilité, où il ne se souviendrait pas de son frère à chaque regard posé sur elle. Mais il ne fait rien. Il sait bien qu’il n’a pas le privilège de la jalousie, il ne l’a jamais eu. Il torture l’intérieur de sa joue sous une morsure, le spectacle l’insupportant davantage à chaque seconde qui passe.
Un poing se referme sur l’accoudoir lorsqu’elle tire sa révérence et disparaît derrière les lourds rideaux écarlates. Artem reste un moment pour se composer, pour étouffer ses émotions, les défaire en leur sein, les décortiquer une à une pour assurer sa confiance, la droiture de ses épaules. Il n’y a qu’autour d’elle que son dos se courbe, presque faible, scindé au niveau de chaque vertèbre par la force de son affection. Après Lev, après les douleurs d’un cœur brisé, il s’était juré de ne plus jamais se laisser prendre au piège et pourtant, pourtant dès le premier regard, ses jambes avaient tremblé. Une oeillade, c’est tout ce qu’il avait fallu. Il déglutit, cligne des paupières et se redresse, puis se lève, couvrant les alentours de sa présence haltière, presque algide. Il s’attire un ou deux coup d'œil curieux alors qu’il s’engage en direction des coulisses. Il glisse quelques billets dans la pogne d’un employé, ce dernier entrouvre les lèvres, tente d’argumenter mais Artem n’est pas de ceux qui tolère qu’on le contrarie pour si peu et il se faufile à l’arrière de la scène, oubliant aussitôt le jeune sorcier resté planté là, à regarder sa figure se fondre dans les ombres puis disparaître complètement.
Lorsqu’il pousse la porte des loges, sa carrure détonne dans l’embrasure, seule ombre masculine jetée sur la pièce, il observe chaque étoile, une à une, jusqu’à ce que son attention s’accroche à l’objet de sa venue. - Give us some privacy ladies, would you. Lance-t-il, avec une autorité indiscutable affublée d’une teinte de charme, sans jamais détourner ses prunelles. - Une excellente performance, comme toujours. Qu’il commente en guise de salutations dès qu'ils se retrouvent seuls.
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Sujet: Re: covered in ghosts (anka) Dim 12 Sep - 13:17
covered in ghosts
Les rires de ses camarades, les commentaires chuchotés sur les spectateurs et les performances, Anka ne les entendait pas. Les loges rejointes d’un pas mécanique dans un froufrou soyeux de robes, les lèvres serrées, les poings crispés, elle suivait le mouvement au milieu de ses semblables mais elle était complètement dissociée d’elles en cet instant. Elle ne faisait plus partie de la troupe, elle flottait seule dans ce brouillard plein de jacasseries, l’esprit fermé aux sollicitations extérieures. Le regard d’Artem comme seul point de repère, ses profondeurs insondables dans lesquelles elle se perdait toute entière. Elle refusait de se laisser emporter par les conjonctures sur sa présence ici ce soir, sans pouvoir s’empêcher de se demander pourquoi, inlassablement. Troublée, comme toujours quand elle le savait si proche d’elle et si loin à la fois. Elle était une nouvelle fois sous l’emprise de ces désirs trop familiers qui lui tordaient les entrailles, qu’elle ne pourrait pas assouvir, que sa petite danse n’avait servi qu’à exacerber et à rendre plus cuisants de frustration. Et elle enrageait de ne pouvoir contrôler cette soif si intense, qu’elle connaissait depuis trop longtemps et qu’elle aurait dû apprendre à maîtriser dès qu’elle avait su qu’elle ne pourrait y céder. Parce qu’au fond, elle avait toujours cru que l’interdit finirait par se lever, qu’ils trouveraient le moyen de s’y soustraire et qu’il comblerait ce vide en elle, enfin. En vain.
Le regard perdu dans le miroir, incapable de voir sa propre réflexion, ses yeux accrochèrent pourtant la silhouette qui se matérialisa derrière elle et elle se redressa imperceptiblement. Les bavardages cessèrent, la curiosité des filles autour devint presque palpable et Anka fut prise d’un élan de jalousie fulgurant. Elle serra les poings, réfrénant une pulsion violente qui l’aurait volontiers poussée à la furie envers ses camarades de scène. Mais cette jalousie disparut aussi vite qu’elle fut venue quand sa voix s’éleva, demandant poliment de leur laisser un peu d’intimité. La tension dans ses épaules s’allégea un peu en voyant les filles lui obéir, et elle se tourna sur son tabouret pour lui faire face, sans se lever pour autant. « Une excellente performance, comme toujours. » Elle pencha la tête sur le côté, un sourire étirant lentement ses lèvres. « Merci … Mais je suis surprise que tu ais un quelconque point de comparaison. » Ajouta-t-elle en levant un sourcil à son attention. Il ne venait jamais la voir, et sa tentative de flatterie tombait à plat. Elle se retourna vers son miroir, et commença à ôter les épingles chamarrées de ses cheveux sans plus lui prêter attention. « Ne me fais pas languir, dis-moi pourquoi tu daignes soudain venir me voir danser. » Lança-t-elle sans le regarder. Elle lui en voulait d’être ici, un ressentiment aussi fort que le plaisir qu’elle ressentait à le savoir dans la même pièce qu’elle. Mais elle ne l’autoriserait pas à voir autre chose que le ressentiment, pour l’instant.