words cut deeper than a knife (petrova)

words cut deeper than a knife.

--- but you don't know me. all the shades of who I am. try to catch me if you can i just slip right through your hands. ●●

Elle s’en souvient comme si c’était hier. Bientôt trois ans qu’elle a rejoint les Krasavka. Bientôt trois ans qu’elle a fait la connaissance des Petrova, découvert leur particularité singulière. Et jusqu’à aujourd’hui elle n’a jamais eu à trop les fréquenter hors du clan. Toutes vivant des vies opposées. Toutes subsistant aux besoins des Krasavka à son échelle. Ou presque. Elle a des doutes Nerys. Les oreilles qui traînent, les yeux plissés à la recherche d’un quelque chose qui serait mal placé. Et dans sa tête s’actionne les rouages. Une infinité de possibilités. Une chance, peut-être, de tirer son épingle du jeu. Alors ce soir elle donne tout sur scène Nerys. Entraînée dans cette danse effrénée, la tête déjà ailleurs. Elle se rappelle la première rencontre, la surprise de découvrir ce visage vu des centaines de fois. Elle se souvient des mots de Tonia Raskova. Ce soir, c’est elle qui créé la surprise.

Lorsque la musique s’arrête que les applaudissements retentissent, elle prend le temps de respirer Nerys et de regarder la foule. Les yeux fondants presque instantanément dans les siens. La partie a déjà commencé. Elle ne le sait pas encore la Petrova, mais Nerys, elle, est prête à jouer. Ses cartes toutes en main, les dés sont jetés. Elle retourne dans sa petite loge privée où elle se débarrasse de son maquillage, ouvre son corset pour mieux respirer. Deux petits coups sur la porte lui indiquent l’arrivée de son invité. Cliente plus importante que tous les autres. “Le spectacle t’as plu ce soir ?” qu’elle demande, nonchalante, sans se retourner, le regard plongé dans le sien à travers le miroir fendillé. Elle peine à retrouver Petra sous ce déguisement parfait. Et à chaque fois ça la fait frissonner. Entre fascination et angoisse. “Je peux t’offrir quelque chose à boire ?” Elle se lève dans un froissement de tissus pour ouvrir un petit tiroir d’où elle sort une bouteille de vodka et deux petits verres. “La nuit va être longue.” Volontairement énigmatique, elle tend un verre rempli à Petra, un demi sourire sur les lèvres, le regard pétillant d’une malice malsaine.

@petra petrova

tw objectification humaine, alcool.

Nina Jdanova est somme toute ce que Petra Petrova n'est pas : distinguée, et l'air légèrement réservée, presque timide. Ce soir comme d'autres, Nina occupe un petit carré d'espace dans un coin sombre de la Rose Écarlate. Ce soir au contraire des autres, Nina ne vient pas de son propre chef, mais de celui de Tonia Raskova. Sa mère. Le substitut. Celle qu'on a bien voulu donner à l'orpheline qu'elle était. Un maigre lot de consolation pour compenser le mauvais tirage de la vie.

Elle observe cliniquement le corps onduler sur scène tel qu'on observe une curiosité dans un bocal de formol. Petra n'est pas certaine de savoir à quoi s'en tenir, avec Nerys. Mais quand le spectacle touche à sa fin et qu'à travers les petites lunettes de Nina, ses yeux tombent dans les siens, une curiosité mi-morbide mi-obscène se met à lui barbouiller les intestins. Elle est prête à écouter.

Cinq ou dix minutes plus tard, deux coups sont frappés à la porte de la loge miteuse. Petra sait qu'on l'attend, et elle n'aime pas perdre son temps. Ou alors pour des choses agréables. Elle n'a pas encore défini si sa collègue Krasavka en est une. De chose agréable. Serait idiot, d'ailleurs, le Krasavka qui ferait confiance à un autre de son clan, car ce sont presque tous, en substance, des menteurs et des baratineurs.

Petra Petrova est une menteuse et une baratineuse.

Nina, par exemple, se met à sourire subtilement, alors que Petra se serait contentée d'un rictus prédateur. Elle est là, la petite rousse, trop droite et la mine presque rigide. Le costume parfait.

« Une bien belle prestation, en effet. »

Et un bien beau corps. Soit. Les mimiques d'apparat commencent à se déliter. Chez Petra, ce sont toujours les yeux qui trompent d'abord. Car les voilà déjà qui suivent la silhouette pour en tracer les contours aguicheurs. Puis seulement ensuite, elle se rappelle du pourquoi elle est là. Les affaires. Elle ne sait pas encore lesquelles, mais elle est prête à le découvrir.

« Volontiers. »

Elle attrape le verre qu'on lui tend et le soulève un peu pour signifier un santé silencieux, avant de tremper les lèvres dans son contenu. Petra se met ensuite à bouger dans la pièce, à laisser traîner son index le long des rainures de meubles, ou des boiseries murales. Elle attend. Sagement. Comme un lion tourne en cage ou qu'un vautour survole sa proie, sans se douter encore que ce sera elle, le gibier.

« On m'a beaucoup parlé de toi. En bien. Précise-t-elle. On verra combien de temps ça dure. Tonia est douée pour s'encombrer d'étoiles mortes. Annonce-t-elle froidement la couleur. »

Ces étoiles qui brillent toujours dans l'œil humain, mais qui sont en fait froides et ternes là où elles sont. Si on ne la compte pas elle, elles sont finalement peu à avoir survécu à Tonia Raskova.

words cut deeper than a knife.

--- but you don't know me. all the shades of who I am. try to catch me if you can i just slip right through your hands. ●●

Elle n’est pas dupe la danseuse. Membre fidèle du clan Krasavka depuis longtemps, elle sait à quoi s’attendre. Le mot confiance complètement banni de son vocabulaire. Elle ne se laisse pas duper par la jolie Nina à la chevelure de feu, à l’air innocent. Mascarade parfaite que Nerys envie presque. Elle incapable de belle magie. Elle mal née. Petit monstre, bête de foire. Elle cherche encore sa place sur l’échiquier géant. Certaine d’être née pour quelque chose de plus grand. Elle en veut toujours plus, créature qui prend sans rien donner en retour. Et elle remarque le regard de l’autre qui la suit. Signe qui ne trompe pas. Elle est bien là la Petrova. Elle sommeille dans ce corps d’emprunt. A l’affût, prête à sauter à la première occasion. Et Nerys sait qu’elle se doit d’être prudente. Le moindre écart susceptible de signer son arrêt de mort.

Elle lève son verre, y trempant à peine les lèvres, préférant observer sa comparse. Nerys prend son temps, joue au chat et à la souris, s’attardant avec délices. Elle vient se poser contre sa coiffeuse, certaine d’être l’animal dominant. Elle arque un sourcil alors que les hostilités sont lancées. Plus de retour en arrière possible. Le froid s’installe. Cruelle morsure. “Je dirais que Tonia a des goûts exquis. Elle sait reconnaître le talent.” Elle lève à nouveau son verre en signe de respect. “De mon côté, j’entends beaucoup de choses au sujet des Petrova.” Elle reste dans son coin Nerys, prédatrice de l’ombre qui joue à un jeu qu’elle maîtrise à peine. “J’entends même des choses venant de vos propres bouches. C’est fou tout ce qu’on peut apprendre en étant invisible.” Parce que c’est ce qu’elle est aux yeux de beaucoup. Rien qu’un pion. Mais ce soir elle compte bien prouver qu’elle mérite sa place sur l’échiquier. “Allons, il n’y a que toi et moi ce soir Petra. Ne serait-ce pas plus charmant de converser sous ton vrai visage ?” Elle pique Nerys, un sourire malsain en coin tandis qu’elle porte son verre à ses lèvres.

@petra petrova