(mira) nobodies

tw: violence

La nuit moscovite a refermé ses crocs sur Borowski avec une violence insoupçonnée. Tout a été si furtif et rapide, le moldu n’a pas saisi sa localisation ni la teneur exacte de ses méfaits. Le mensonge quant à sa nature lui vaut un sort si brutal que celui que Tadeusz lui a réservé ? Retrouvailles attendues durant plus de cinq années virées au drame. La vérité a débordé de ses lippes ensanglantées sans que son cadet n’y prête la moindre attention. Il n’est personne, Dymitr. Plus l’ombre d’un sorcier qu’il a cherché à retrouver dans les pires des taudis, allant jusqu’à se faire passer pour un être magique dans l’espoir de retrouver sa trace. Les protestations se sont multipliées sans trouver d’autre écho que des sortilèges pernicieux et foudroyants, le rappelant à sa propre infériorité. Désarçonné face à son propre frère, la sauge loin d’eux, Borowski s’est vu interroger comme un vulgaire bolchévique. Un ennemi carabiné à questionner puis éradiquer. Surpris et muet sous le choc émotionnel, le polonais n’a au départ pas formulé de réponse autre qu’une protestation glutale, suppliant son cadet de revenir à lui. Bon sens évanoui dans l’incompréhension mutuelle, il a fini par énumérer chacune des structures anti-sorciers de la ville rouge, ces dernières faisant tristement partie du lot des force de l’ordre sans magie dont il fait partie, enquêtant sur la disparition de son actuel bourreau. Abandonné aux cachots d’un lieu qu’il ne reconnaît pas, Tad est parti vérifier les informations crachées sous la torture et la douleur. La respiration hachée, le brun se remémore silencieusement les faits pour tenter de comprendre ce qui l’a condamné à pareil dessein. La chasse a creusé une fosse dans laquelle il va être enterré s’il n’agit pas à temps.

La tête tourne lorsque la porte s’ouvre à nouveau, l’aveuglant. “Tad, please quit it. You've lost your mind.” L’implore-t-il pour la centième fois. Cette fois cependant ce n’est pas lui qui apparaît. Une jeune femme svelte le rejoint et provoque un sursaut de sa part, craignant qu’il ne s’agisse d’une autre sorcière persuadée qu’il ait commis d’autres crimes dont il est innocent. Au fond de la cellule où des liens ensorcelés l’attachent il ne voit pas bien son visage. Poussant un soupir, il sent les côtes brisées se hurter à sa carne et crie brièvement avant de s’exprimer à nouveau, bégayant : “I-I never meant any harm to my brother or your - community. You h-have t-to believe me.” Lassitude dans la voix qui prend le dessus sur l’épouvante, il ignore quoi ajouter d’autre et s’attend à un énième sortilège asséné sur sa personne. S’il savait où les affres de la révolution l’auraient conduit… Le front perlé de sueur, Dymitr se prépare silencieusement à connaître une fin à la pointe d’une baguette dont il ne s’est jamais méfié, se pensant naïvement égal aux semblables de Tadeusz.

Le non-mage ignore encore tout de sa nouvelle hôte.

Mira.

Il n’aurait jamais dû, non, jamais dû. Lui mentir, l’endormir de merveilleux contes, lui promettre amour et protection quand il ne fait, en réalité, que lui mentir. Tadeusz, son cher oncle, qui l’a fait miroiter tant de choses sous un amas de mensonges et autres vilenies. Elle n’aurait jamais du, non jamais du, elle non plus, suivre son instinct et écouter des bribes de pensées toutes engluées autour d’un seul et unique visage : celui de dymitr borowski. Rien de cela n’aurait dû se produire mais les faits prouvent le contraire et voici la jeune sorcière jouer de ruse et de discrétion au sein d’une bâtisse secrète. Le tout pour enfin mettre la main sur celui qu’elle cherche depuis si longtemps à présent  avec tant de courage et de sueur alors qu’il lui aurait suffi de sonder l’esprit de son oncle pour découvrir le pot-aux-roses. C’est ce qui s’est produit et, au lieu de confronter son oncle, c’est auprès de son père qu’elle souhaite se trouver. Ô non par amour ni désir de comprendre ses racines, mais pour l’interroger, savoir pourquoi est-ce qu’il ne s’est jamais manifesté, pourquoi… Pourquoi tout ? Pourquoi ça ? Pourquoi comme ça ? Ce qui n’était qu’une révolte adolescente selon sa génitrice s’est mu en une dangereuse réalité. Mira l’a vu, lui, le tant désiré, dans l’esprit de Tad et sait exactement où le trouver. Elle parcourt les couloirs silencieux et effrayants, tentant de ne pas se faire surprendre. Quand elle tombe sur une porte, Mira sait que celui qu’elle cherche depuis tant de temps est derrière. Dans quel état ? Elle l’ignore, mais il est là, sans aucun doute. Que faire ? Que dire ? Tout se bouscule en elle mais une chose est sûre : elle ne fera pas demi-tour. Pas avant d’avoir eu ces réponses qu’il lui doit. A elle. Plus qu’à quiconque autre.
“Tad, please quit it. You've lost your mind.” implore la vague silhouette que dessine un rayon de lumière. préoccupée par les lieux, c’est après une lumière plus conséquente que son mince lumos qu’elle tatillonne de peur de tomber dans une crevasse ou que sais-je encore. quel est cet endroit ? quel est ce cachot ? et surtout, que fait son père ici ? Malheureusement, Mira connaît la réponse de cette dernière interrogation. La trahison, le mensonge. A croire que ça se transmet par les gênes. En aurait-elle hérité ?
Elle demeure silencieuse et le système de lumière qu’elle trouve enfin ne lui tire aucun son héroïque car la scène qui s’illumine n’est en rien ce qu’elle aurait souhaité. L’homme devant elle sursaute, retenu par des lianes sans aucun doute magiques. Il crie, aussi, soudainement et puissamment. Un cri des tripes qui paralyse la sorcière puis des mots, des mots qu’elle ne comprend pas tout à fait. “I-I never meant any harm to my brother or your - community. You h-have t-to believe me.” La voix qui se casse, c’est avec horreur que Mira assiste à ce pitoyable spectacle. C’est donc pour cet être qu’elle a quitté son ancienne vie, tout délaissé derrière elle ? Il lui faut plusieurs minutes pour ravaler les larmes qui ruissellent dans sa gorge, la peur qui lui glace les os et la déception. Elle n’est pas venue là pour rien, se dit-elle comme pour se donner du courage, et reprend un peu de contenance avant de finalement s’avancer vers la cage qui retient son paternel. “ Je ne suis pas des leurs. Vous n’avez rien à craindre de moi.” affirme-t-elle en pointant sa baguette vers lui et déliant ce qui l’empêchait jusqu’alors de se mouvoir. Un simple geste qui ne revendique rien du tout. Mira tente de sonder son propre esprit à la recherche de soutien, de quelque chose, mais rien ne lui vient. Il y aurait tant de choses à dire et si peu de temps. Car il lui faudrait bientôt partir avant que l’on ne remarque sa présence… Mais pas avant d’avoir réglé ses comptes. Ca, c’est une certitude. “ Alors comme ça l’on trahit sa propre famille. C’est pas très joli, ça.” lance-t-elle pleine de sous-entendus et de rancoeur et plus encore quand elle avance : “ Et je sais de quoi je parle, ma propre mère s’est jouée de moi pendant plus de vingt ans.” Pas une goutte de pitié ni de mélancolie de transperce ses mots, sa voix se fait limpide. Elle marque une courte pause tandis qu’elle caresse sa bague afin de reculer le moment où plonger le regard dans celui de cet homme et de l’assommer ainsi : “ Je ne pensais pas que mon père s’y mettrait également.”